Il y a un an, Magali et Patrick Smadja ont décidé de quitter Toulon avec leurs trois enfants pour s’installer en Israël. Cette famille toulonnaise a choisi de refaire sa vie de l’autre côté de la Méditerranée. Un aller simple pour la « terre sainte ». Dans un pays en guerre.

« En général quand il y a la guerre, le pays se vide, car les gens fuient. Pour nous, cela a été un élément déclencheur. Car dans la tête d’un juif, il se passe exactement l’inverse. Même si, à 49 ans, je n’ai plus l’âge ni la force d’être un combattant, ce choix nous est apparu comme une évidence », témoigne Patrick Smadja. Un changement de vie radical.

« On a senti le vent tourner »

« J’ai passé la première partie de ma vie à Toulon, toute ma jeunesse au Mourillon. Ma femme Magali est du Cap Brun », raconte ce Toulonnais de naissance. A priori, aucune raison de larguer les amarres, loin de la rade. Et pourtant: « Je suis parti parce que je voyais que la politique française commençait à changer. »

Patrick Smadja ne supportait plus la pression de la rue. « J’habitais au rond-point de Mayol, donc je remontais le port pour aller à la synagogue. Et je voyais, tous les samedis, les drapeaux palestiniens agités par des gens qui ont une haine de la France, et aucune éducation. Ça commençait à sentir mauvais… »

Le Var serait-il devenu invivable à ce point pour une famille juive? « Non. Sur l’aire toulonnaise, on est quand même préservés. Personnellement on ne m’a jamais embêté par rapport à ma religion. J’ai d’ailleurs plus de copains arabes à Toulon que de copains juifs. Mais lorsque je m’occupais des caméras à la synagogue de Toulon, on était quand même en alerte rouge. Quelques tordus ont même voulu y pénétrer. »

La famille Smadja a donc décidé de plier bagage l’été dernier. Et de quitter Toulon pour s’installer dans l’État hébreu. « Aujourd’hui on vit à Afoula, ce qui signifie la ville de la fève. Une cité en plein développement dans la région d’Haïfa. Ici, c’est en pleine construction de partout. »


La ville de Afoula, en Israël. Photo DR.

Depuis les massacres du 7 octobre 2023 et la guerre déclarée avec les terroristes du Hamas, Israël accueille de plus en plus de Français de confession juive sur son sol. Le nombre d’alya, qui est l’immigration en Israël par un Juif, se multiplie.

« Il y a eu une dizaine de familles qui sont arrivées, juste avant nous, au mois de juillet 2024. Et encore dix nouvelles familles cette année. Ce sont tous des Français », témoigne le nouvel arrivant.

Entre attaches varoises…

Dans le Var, Patrick Smadja était entrepreneur dans les solutions de sécurité innovantes. Il développait et entretenait des systèmes brevetés, installés à Toulon, Le Pradet et Hyères, pour « empêcher camions et caravanes de stationner sur les parkings publics ». « J’étais aussi le propriétaire de l’épicerie casher Am Deli place Gustave Lambert dans le centre-ville Toulon », précise-t-il.

« Quand on est du Mourillon c’est difficile d’en partir. J’ai toujours des biens en France, mes amis et ma famille. Mais c’est un choix que je ne regrette pas. Maintenant que j’habite à 3.000km de la France, chaque visite pour les vacances me permet de passer des moments encore plus privilégiés et meilleurs qu’auparavant. On est revenus en juin deux semaines, mais on est finalement restés cinq semaines à cause de la guerre avec l’Iran. »

Cet entrepreneur dans l’âme possède aussi une activité immobilière à Toulon, notamment dans la rénovation complète d’immeubles en centre-ville avec des commerces en emplacements n° 1. « Je travaille par exemple sur la livraison imminente d’un magasin sur 3 étages place des halles, avec une grande enseigne nationale… une surprise dans le grand commerce toulonnais qui sera révélée très prochainement. »

… Et projets en Israël

Mais c’est bien au Proche-Orient qu’il envisage son avenir professionnel: « Aujourd’hui, je pilote des projets urbains à vocation commerciale, intégrant également des résidences touristiques. Ces projets sont portés directement avec le maire d’Afula et son équipe du développement ».

« Un grand cafetier renommé du bassin toulonnais m’a aussi confié le rôle d’ambassadeur à l’export, avec une ouverture vers Israël et le Moyen-Orient. » L’expatrié soigne aussi ses réseaux: « Je suis également en train de créer un club de networking francophone, destiné à mettre en relation des professionnels et entrepreneurs pour développer leurs affaires entre Israël, la France et l’international. »

« On est en sécurité ici »

Avant de prendre un aller simple pour sa famille, Patrick Smadja a d’abord fait un voyage de reconnaissance dans son pays d’accueil. « J’ai pris des vacances et je suis parti seul pour savoir où aller, pour repérer les lieux. La vie en Israël est simple. Je pense que n’importe quel Toulonnais peut s’adapter facilement. La langue change, mais la mentalité est à la toulonnaise; tout le monde se parle facilement. Je baragouine israélien donc je parle essentiellement en français, comme beaucoup de gens qui viennent aussi de pays francophones comme le Maroc ou la Tunisie. »

En immigrant en Israël, Patrick a obtenu la double nationalité. « En fait quand on fait l’alya, automatiquement on devient franco-israélien. On est pris en charge par le pays qui reconnaît les juifs comme des enfants d’Israël. »

Son épouse Magali, 47 ans, était institutrice en France et travaille aujourd’hui toujours dans l’enseignement du français. « En famille comme dans mes projets, nous plaçons l’éducation et la transmission au cœur de nos valeurs », soutient Patrick. Ensemble, ils ont eu trois enfants: Lisa, 19 ans, Gabriel, 18 ans, et Jonah, 13 ans. Ils ont tous appris l’hébreu en six mois.

« Avant qu’on parte, mes enfants voulaient déjà partir eux-mêmes pour faire leurs études en Israël. Les deux grands vont entrer à l’armée. Mon fils en août prochain. Et ma fille va travailler dans les hôpitaux. C’est comme un service civil, elle va donner deux années en hôpital à Jérusalem. Elle veut devenir orthodontiste. Elle donne au pays, apprend une rigueur et aussi son futur métier. Je sais qu’elle aura un avenir ici. »

Quant au contexte international de guerre avec le Hamas, Patrick l’assure: « Je suis réserviste pour la police, on fait des gardes. En fait tout le monde est mobilisé et met du sien pour que ça se passe bien. Bien que ce soit un pays en guerre, on se sent très en sécurité ici. »