La 12e édition de Lou festin nissart, le grand banquet populaire organisé par l’association des Amis du maire de Nice, a réuni, hier soir, 6200 convives, jardin Albert-Ier. Un rendez-vous qui marquait la rentrée politique de Christian Estrosi. « Et nous avons été obligés de refuser 2000 personnes », a-t-il ajouté, se disant « fier » de rassembler une foule record.
« L’an prochain, nous serons entre 8 et 10.000. Nous aurons de la place avec l’extension de la coulée verte, au nord du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain », s’est emballé l’édile, se voyant déjà victorieux des élections municipales des 15 et 22 mars pour lesquelles il est candidat à un 4e mandat.
« Le meilleur négociateur possible »
Pendant plus d’une demi-heure, micro en main, le maire de Nice a dressé la liste de ce qu’il considère comme ses plus belles réussites. D’abord sur l’estrade, au milieu des élus, maires et parlementaires des communes de la métropole. Avant d’aller au contact du public, en descendant de scène au milieu des longues tables dressées pour l’occasion, comme une rock star prenant un bain de foule.
« Impossible n’est pas niçois », a-t-il résumé. « Et pour rendre possible l’impossible, on ne peut pas s’enfermer dans l’idéologie et ne parler qu’aux gens qui pensent comme vous. Qu’on le veuille ou non, mon devoir d’un maire c’est d’être le meilleur négociateur possible, quelle que soit sa couleur politique, avec l’État et le gouvernement, avec les administrations, pour l’intérêt de ses concitoyens », a insisté le maire, souvent attaqué par ses détracteurs sur sa proximité avec l’impopulaire Emmanuel Macron.
« C’est comme ça que nous avons obtenu les financements, s’est-il justifié. C’est comme cela qu’on a obtenu d’accueillir le plus grand sommet de la planète pour la protection des océans. Vaut-il mieux qu’on les accueille à Nice, avec toutes les retombées qui vont avec pour l’emploi des Niçois, ou qu’on les laisse partir à Paris ou ailleurs? », a-t-il poursuivi avant de citer aussi l’arrivée du Tour de France, le tramway, l’hôtel de police [en cours de construction], la Promenade du Paillon, l’extension du centre hospitalier universitaire Pasteur.
Il a promis de continuer à se battre pour les Niçois, évoquant son « combat symbolique » pour garder la statue de Jeanne d’Arc que le préfet avait voulu faire déboulonner. Son combat contre les bateaux de croisière, « le tourisme débridé », le logement, le pouvoir d’achat.
« Un petit qui gesticule »
De la candidature de son rival Éric Ciotti, qui s’est officiellement déclaré mercredi, il n’en a été nullement question. Comme si cela était un non-événement.
Il faut dire que le président de la Région Renaud Muselier (Horizons), qui l’a précédé au micro, avait fait le job. « La coulée verte, c’est fantastique comme idée. Qui peut se plaindre de ça et dire que ça n’a pas été bien fait? Ceux qui veulent se présenter à des élections. Je vois un petit qui gesticule. Iznogoud. En français, ça veut dire ce n’est pas bon », a-t-il raillé, faisant allusion du député UDR qui rêve de ravir le fauteuil de « son ami Christian ».
« Il veut être calife à la place du maire. Mais le califat, ce n’est pas la liberté. Et quand je vois l’histoire des fichiers, je ne suis pas tranquille », a-t-il ajouté en référence aux présumés fichiers illégaux du député niçois qui intéressent la justice. « Moi, j’aime la liberté. J’aime le combat politique avec panache, avec noblesse, avec envie. »
L’envie, c’est aussi ce qui anime Christian Estrosi. « J’ai 350.000 raisons de me battre tous les jours. Ces raisons, c’est vous. Le peuple de Nice. Le sang de Nice. Notre fierté. Notre avenir! J’ai 350.000 raisons d’avoir envie. L’envie de vous servir. De déplacer des montagnes. L’envie de Nice. Et, comme dirait Johnny, simplement l’envie d’avoir envie », a-t-il conclu.
Le meeting politique a soudain tourné au karaoké. Tandis que les paroles du tube de « l’idole des jeunes » défilaient en bas des écrans géants, les élus, sur scène, ont entonné le titre en cœur.
À Nice, « j’ai fait l’essentiel de ce qu’il fallait y faire »
À la fin du show, titillé par les journalistes sur la candidature d’Éric Ciotti, le maire de Nice a assuré ne pas avoir « l’intention de réagir ».
« J’aurai des adversaires sans doute de qualité que je respecte totalement et puis le temps viendra où nous aurons l’occasion de débattre de tout cela. Mais il y a d’autres choses à faire. J’ai à finir mon mandat de maire jusqu’au bout, je n’ai pas été élu pour 5 ans et demi mais pour 6 ans », a-t-il conclu, avant de livrer, finalement, « un petit mot politique ». « Mais ce sera le dernier et le seul que je dirai », a-t-il prévenu.
« Peut-être qu’il y en a autant qui ont envie aujourd’hui de s’intéresser à Nice parce qu’il n’y a plus tant de choses que ça à faire, tellement j’en ai réalisé. La ville est belle à prendre puisque j’ai fait l’essentiel de ce qu’il fallait y faire ».
« Entre Estrosi et Ciotti, ça va être un vrai duel »
Maryse est venue en famille, avec ses deux petits-fils, profiter de cette soirée d’été au festin niçois. C’est une fervente du maire de Nice, comme la plupart des convives réunis ce vendredi soir jardin Albert-Ier. « La déclaration de candidature d’Éric Ciotti, ça m’a bien fait rigoler. Il se fout de la ville de Nice et des Niçois. Il veut juste embêter Christian Estrosi. Sa candidature, elle est mal venue. Avant de critiquer, il ferait mieux de balayer devant sa porte. Ça fait très querelle de village », déplore-t-elle.
La retraitée le sait, « des voix, Ciotti va en prendre puisqu’il s’est acoquiné avec le RN ». Mais pas de nature à déstabiliser son chouchou. « Nice est devenue une ville verte ». « Et vivante », la coupe son voisin de table. « Et nos petits-enfants en profitent », reprend-elle. « Alors oui, il a démoli des bâtiments. Ça n’a pas plu à certains mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ».
« Ce n’est pas la première fois qu’Éric Ciotti pense à la mairie de Nice. Et ce n’est certainement pas la dernière », se gausse Marie, 75 ans, qui a réservé sa place avec deux amies d’enfance du quartier de la Digue-des-Français. Qu’Estrosi gagne une nouvelle fois l’élection municipale, elle en est persuadée. « Il a fait trois mandats. Il a plu. Pourquoi il décevrait pour le 4e? »
« Depuis que je suis petit, je vois que la ville est en constante évolution. Beaucoup de gens se plaignent des impôts et de l’état des finances de la ville, mais au moins on sait où va l’argent », estime Thomas, 33 ans, entrepreneur dans le domaine de la construction et de l’immobilier. « Je ne suis pas du tout surpris que Ciotti soit candidat. Mais je ne lui fais pas confiance parce qu’il a retourné sa veste. Des gens voteront pour lui, c’est sûr. Des électeurs du RN, il y en a à Nice. Entre eux deux, ça va être un vrai duel ».