Ce samedi 30 et dimanche 31 août, un salon du chiot se tient à Pessac, près de Bordeaux. Les associations de protection animale et les élus locaux s’inquiètent des dérives possibles d’un tel événement qui pousse, selon eux, à l’achat compulsif.

Le salon de la discorde. À Pessac, l’événement organisé à la ferme de Tartifume n’a pas été bien accueilli par la mairie. «Nous avons découvert l’existence du salon via les réseaux sociaux», regrette Sylvie Vieu, adjointe au respect du vivant et à la cause animale. L’élue, qui rappelle que la commune défend activement la protection des animaux, est vent debout contre April’Events, la société organisatrice. «Par rapport au bien-être animal, nous sommes opposés à ce genre d’événement. Les chiots sont mis en avant et mis à la vente, cette manière de faire est beaucoup moins intéressante que d’aller directement chez un éleveur. Acheter un chien, c’est une démarche sur le long terme. Ça ne peut pas être un achat coup de cœur. Un chiot n’est pas un cadeau de Noël ! On s’engage à faire attention à lui et à en prendre soin».

Pour autant, la ville a dû reconnaître son impuissance face à l’organisation du salon : la manifestation ne se tenant pas sur l’espace public, aucun levier légal n’existe pour l’empêcher. «Ils sont sur un terrain privé, on a essayé d’intervenir auprès de la préfecture… mais en vain. Les organisateurs ne nous ont jamais contactés, et ils n’ont contacté aucune association de notre territoire», s’insurge l’élue.


Passer la publicité

«La France est championne d’Europe des abandons»

Les défenseurs des animaux n’ont pas tardé, eux aussi, à réagir. Une pétition «Non au Salon du Chiot de Pessac» a été lancée et a recueilli plus de 23.000 signatures. «La grande problématique, dans ces salons, c’est qu’on est dans un marché au fruit. On vient chercher son chiot comme on achète la salade au marché», alerte Baptise Praud, président de l’association Argos 42, à l’origine de la pétition. Pour lui, il s’agit d’un modèle dépassé, contraire aux enjeux actuels du bien-être animal. Il rappelle que «la France est championne d’Europe des abandons, avec 300.000 animaux de compagnie délaissés par an, selon les dernières estimations».

Contactée à de nombreuses reprises par Le Figaro, la société April’Events n’a pas répondu à nos sollicitations. Chez nos confrères de Sud-Ouest, Steeve Murillo, l’un des éleveurs organisateurs du salon, défend le concept. «Cela permet aux gens de voir plusieurs races et de mieux identifier celle qui leur correspond». Pour lui, «Les gens ne vont pas acheter un chien 2000 euros pour l’abandonner».

La loi de 2021 contre la maltraitance animale impose aujourd’hui qu’un certificat d’engagement soit signé par l’adoptant au moins une semaine avant l’adoption. Sans ce document, aucune adoption ne peut être effectuée lors du salon. Pour Sylvie Vieu, c’est une pratique qui n’est pas respectée. «Souvent, certains acheteurs n’ont rien signé au préalable, mais les éleveurs peuvent antidater le certificat. Les familles viennent par curiosité, et parfois ressortent du salon avec un chiot sous les bras», déplore-t-elle. Ce samedi, elle assure qu’elle se rendra au salon pour vérifier que les règles seront bien respectées et «pour avertir les forces de l’ordre s’il y a des choses qui contreviennent à la légalité».

Il y a une dizaine de jours, un salon du chiot organisé à Nantes était également dans le viseur de plusieurs associations animalistes.