Par
Laure Gentil
Publié le
29 août 2025 à 15h53
Depuis la fin du mois de mai, les agressions à caractère homophobe se succèdent à Nantes et sa métropole. Le 30 mai, un homme a été attaqué parc de Praud ; en juillet, huit hommes ont subi des violences et vols au parc Crapa, sur l’île Beaulieu et une plainte a également été déposée après des faits similaires commis dans le parc de la Roseraie, le 27 juillet. Début août, un guet-apens avait été tendu à Rezé, à nouveau au parc de Praud et mercredi 20 août, un homme a été victime d’une violente agression dans le parc de la Crapaudine, entre le quartier Saint-Jacques et Clos Toreau.
Ce vendredi 29 août 2025, le procureur de Nantes, Antoine Leroy a annoncé que quatre hommes, âgés de 17 à 18 ans, ont été interpellés mercredi 27 août pour trois de ces agressions.
Pour quelles agressions sont-ils arrêtés ?
Selon le magistrat, les quatre mis en cause sont impliqués dans au moins trois des agressions, celle du 30 mai 2025, du 31 juillet 2025 et celle du 7 août 2025.
Le 30 mai 2025, un homme s’est rendu au parc de Praud à Rezé, après avoir échangé sur un site de rencontres homosexuelles, « en vue d’un éventuel rapport sexuel avec un autre homme », indique le magistrat. Il s’agissait en réalité d’un guet-apens.
À son arrivée, il a été pris à partie « par quatre à cinq individus ». La victime a été frappée et les agresseurs l’ont forcée à leur donner sa carte bancaire avec le code.
Un retrait d’argent devait être ultérieurement effectué, pendant lequel la victime était maintenue sur place, tandis que ses effets personnels avaient été jetés dans le parc.
Antoine Leroy
Procureur de Nantes
Le 31 juillet 2025, au même endroit, là encore, suite à des échanges sur un « site de rencontres homosexuelles », un autre homme a été agressé par quatre individus « armés d’un marteau et d’un maillet » précise le parquet. Le véhicule et le téléphone de la victime ont été fouillés et « un retrait de 500 euros également effectué, ainsi qu’une commande Uber Eat de 182 euros », a relaté ce vendredi Antoine Leroy. « Là encore, la victime était maintenue sur place pendant le retrait ».
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La troisième agression est celle du 7 août 2025 à Rezé. Une troisième personne a, là aussi, été attaquée et, à nouveau, les agresseurs étaient équipés de marteau et maillet. Le téléphone de la victime a ainsi été dérobé et ses affaires ont été « dispersées dans le parc ».
Lors des trois agressions, les mis en cause consultaient le téléphone portable des victimes, prenaient des clichés des contacts, voire filmaient la victime, non sans avoir par ailleurs proféré à leur encontre de nombreuses insultes à caractère homophobe.
Antoine Leroy
Procureur de Nantes
Le maillet et le marteau retrouvé
Le groupe « violences aux personnes » du service local de la police judiciaire du commissariat de Nantes a été saisi de l’enquête pour ces trois agressions.
L’exploitation des vidéos et de la téléphonie a permis d’identifier « un certain nombre d’individus, lesquels, au nombre de quatre, tout juste majeurs pour trois d’entre eux et âgé de 17 ans pour le quatrième, étaient interpellés le 27 août 2025 » a expliqué le procureur de Nantes.
Une fouille de véhicule a, quant à elle, permis de trouver un « maillet de charpentier de grande taille et un marteau » et durant les perquisitions, les enquêteurs ont découvert un téléphone volé à une des victimes.
« Une équipe bien organisée »
Selon Antoine Leroy, durant leurs auditions, les suspects ont minimisé « certaines des violences » mais ont admis les faits « dans leur globalité ». Les quatre hommes n’étaient, semble-t-il, pas « systématiquement ensemble pour les trois faits qui font l’objet de l’enquête ».
Ils ont évoqué en garde à vue d’autres faits similaires « dans lesquels ils admettaient être également mis en cause ».
Les investigations et les auditions mettaient en évidence une équipe bien organisée, dans le but, notamment, d’obtenir de l’argent.
Antoine Leroy
Procureur de Nantes
Cette « équipe bien organisée » avait un mode opératoire tout aussi rodé qui est resté le même à chaque agression : ils initient le contact via les réseaux sociaux avec des hommes recherchant une relation homosexuelle et donnent rendez-vous dans un parc sombre. Les agresseurs se cachent ensuite, « cagoulés et armés », pour organiser le guet-apens.
Certains surveillaient les victimes après avoir porté les coups, tandis que les autres partaient faire les retraits.
Antoine Leroy
Procureur de Nantes
Une détention provisoire requise
Les quatre hommes ont été déférés ce vendredi au parquet qui a saisi un juge d’instruction. Ils sont accusés « d’extorsions commises avec arme et en raison de l’orientation sexuelle de la victime et extorsions avec violences ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours et commises en raison de l’orientation sexuelle de la victime » ainsi que pour escroqueries. Ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
Le parquet de Nantes a requis un placement en détention provisoire. Les investigations se poursuivent pour « les autres faits admis par les mis en cause » et une autre enquête a été ouverte pour « mieux comprendre les circonstances dans lesquelles les victimes avaient pu entrer en contact avec les mis en cause du présent dossier », a communiqué Antoine Leroy qui a salué le « travail particulièrement efficace des services de police » de Nantes.
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