Au lendemain de l’annonce par les États-Unis de leur refus d’octroyer des visas à des responsables palestiniens pour qu’ils puissent se rendre à l’assemblée générale des Nations unies à New York en septembre, le ministre français des Affaires étrangères a affirmé, samedi, que le siège de l’ONU « ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès ».

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a dénoncé, samedi 30 août, le refus par les États-Unis de l’octroi de visas à des membres de l’Autorité palestinienne, affirmant que le siège de l’ONU à New York « ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès ».

« Le siège des Nations unies est un lieu de neutralité. C’est un sanctuaire, au service de la paix. Une Assemblée générale des Nations unies ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », a déclaré Jean-Noël Barrot à Copenhague, peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne.

À voir aussiZiad Majed : « L’impunité israélienne autorise d’aller toujours plus loin »

Washington a annoncé cette décision vendredi soir, à quelques semaines de la prochaine assemblée générale des Nations unies prévue en septembre, où la France plaidera pour la reconnaissance d’un État palestinien.

« Le secrétaire d’État Marco Rubio révoque et refuse l’octroi de visas pour les membres de l’Organisation de libération de la Palestine et de l’Autorité palestinienne avant la prochaine Assemblée générale des Nations unies », a déclaré le département d’État dans un communiqué.

Cette mesure extraordinaire rapproche encore plus l’administration Trump du gouvernement israélien, qui rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien et cherche à mettre sur le même pied l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, et le Hamas à Gaza.

L’Autorité palestinienne exprime « son étonnement »

« L’administration Trump a été claire : il est dans l’intérêt de notre sécurité nationale de tenir l’Organisation de libération de la Palestine et l’Autorité palestinienne pour responsables de ne pas respecter leurs engagements et de compromettre les perspectives de paix », peut-on lire dans le communiqué.

L’Autorité palestinienne a en retour exprimé « son profond regret et son étonnement » face à cette décision qui est « en contradiction avec le droit international », et a appelé Washington à « revenir » dessus.

À lire aussiAbattus « comme des mouches » : comment une unité secrète israélienne traque les journalistes de Gaza

Le département d’État a accusé les Palestiniens de se servir de la justice à des fins illégitimes en se tournant vers la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) pour résoudre leurs contentieux avec Israël.

L’Autorité palestinienne doit mettre fin aux « tentatives pour contourner les négociations à travers des guerres judiciaires internationales » et aux « efforts pour obtenir la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien », dit le texte.

Gideon Saar, le ministre israélien des Affaires étrangères, a remercié l’administration Trump sur X pour « cette étape courageuse » et pour « soutenir Israël une nouvelle fois ».

« Important » que tous les États soient représentés

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré de son côté qu’il était « important » que tous les États et les observateurs permanents, y compris les Palestiniens, soient représentés lors d’un sommet prévu la veille du début de l’Assemblée générale. « Nous espérons évidemment que cela sera résolu ».

Les États-Unis ne sont pas censés refuser des visas aux fonctionnaires se rendant à l’ONU, dont le siège est à New York, en vertu d’un accord que le département d’État assure respecter en autorisant la mission palestinienne auprès des Nations unies.

À lire aussiIsraël confronté à une émigration inédite : « Nous avons perdu l’espoir de changer notre pays »

Le département d’État n’a pas précisé si la mesure annoncée vendredi s’appliquait à tous les responsables palestiniens.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, doit participer à la 80e Assemblée générale de l’ONU, qui se tiendra du 9 au 23 septembre, selon Riyad Mansour, ambassadeur palestinien auprès des Nations unies.

« Nous verrons ce que cela implique exactement et comment cela s’applique à nos délégations, puis nous répondrons en conséquence », a dit ce dernier à la presse.

Avec AFP