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Nina Hossein-Zadeh

Publié le

18 avr. 2025 à 19h32

Toulouse, troisième ville de France, fait paradoxalement face à une situation critique. Malgré son attractivité et une croissance démographique de plus de 15 000 habitants par an selon l’Insee, la métropole est confrontée à une pénurie chronique de médecins. Bien que de nouveaux centres de santé pour lutter contre la désertification médicale aient récemment ouvert, François Piquemal, député La France Insoumise et candidat à l’élection municipale, a appelé à de nouvelles mesures lors d’une réunion publique ce jeudi 17 avril 2025.

Une ville qui étouffe sans médecin

Aujourd’hui, près de 100 000 Toulousains vivent sans médecin traitant, selon le professeur Vincent Bounes, vice-président de la Région Occitanie en charge de la Santé et patron du SAMU toulousain, interrogé par Actu Toulouse le 3 avril dernier.

S’ajoutent des départs à la retraite des médecins généralistes qui ne sont que très rarement compensés par de nouvelles installations, notamment dans les quartiers populaires ou périphériques.

« Officiellement, le plus grand désert médical d’Occitanie, c’est Toulouse », précisait Vincent Bounes. Un sujet sur lequel compte bien se pencher La Fran Insoumise pour les prochaines élections municipales.

La mairie de Toulouse dit non aux centres, LFI réagit

Face à cette situation, la Région Occitanie a lancé une politique volontariste, avec l’ouverture progressive de centres de santé régionaux. Le dernier en date, inauguré à Cugnaux le 1er avril 2025, est le premier en zone périurbaine. Il vient s’ajouter aux 21 autres centres déjà créés, principalement en zones rurales.

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« Nous ne nous installons que là où nous sommes sollicités », expliquait Vincent Bounes, précisant qu’à ce jour, « la mairie de Toulouse n’a pas souhaité faire ces centres de santé ».

En pleine campagne en vue des élections municipales de 2026, François Piquemal a profité d’une réunion publique ce jeudi pour évoquer ces initiatives. À ses côtés, les députés insoumis Hadrien Clouet et Anne Stambach-Terrenoir ont tiré la sonnette d’alarme.

« La ville est un véritable désert médical », dit LFI

Ils dénoncent une situation qu’ils jugent « intenable », reflet de la dégradation nationale du système de santé : hausse de la mortalité infantile, blocage de l’espérance de vie sans incapacité, 6 millions de personnes sans médecin traitant, 50 000 lits supprimés à l’hôpital depuis 2013, rappellent-ils dans un communiqué.

Pour eux, Toulouse cristalliserait tous ces dysfonctionnements, et la responsabilité incomberait aux politiques menées par le maire Jean-Luc Moudenc.

« La ville est aujourd’hui un véritable désert médical, avec environ 100 000 habitants sans médecin traitant et un manque de près de 200 généralistes. Les urgences psychiatriques du CHU de Purpan ont également fait les frais de la gestion comptable de la santé et la pénurie de personnel et de moyens a provoqué de graves violences. »

Un plan d’action local : centres municipaux, salariat, et bus de soins

Face à ce constat, les députés LFI appellent la mairie à « agir immédiatement ». Leur plan se structure autour de plusieurs axes concrets : « Nous créerons des centres de santé, qui salarieront différents professionnels de santé », un dispositif déjà mis en place par la Région.

Mais le groupe insiste sur la volonté d’ouvrir un centre de santé à Toulouse, alors que la Mairie se le refuse. « On veut développer le salariat médical, favoriser l’installation des jeunes médecins et assurer une permanence des soins optimale. »

François Piquemal entend également déployer des « bus santé itinérants », pour assurer une présence médicale mobile dans les quartiers enclavés. Ces unités mobiles pourraient offrir soins de premier recours, dépistages et actions de prévention.

Les élus insistent : « Si le nombre global de médecins relève de mesures nationales et même si la santé n’est pas une compétence municipale obligatoire, la mairie de Toulouse doit utiliser tous les moyens disponibles pour attirer des médecins et assurer l’accès des habitants aux soins ».

Une ville fracturée par l’inégalité d’accès aux soins

Pour les députés LFI, le constat est d’ailleurs sans appel. Selon eux, certains quartiers comme Ginestous, Saint-Simon ou Lalande comptent « deux médecins au maximum ».

« Tandis que le quartier Capitole à lui seul en concentre une vingtaine. Les inégalités, à quelques kilomètres de distance, sont insoutenables. »

La tension est telle que des municipalités périphériques comme Cugnaux ont anticipé le choc : la ville a inauguré son centre de santé dans un local provisoire en centre-ville, avant un déménagement prévu au quartier populaire du Vivier-Maçon d’ici 2027.

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