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Maxime T’sjoen

Publié le

4 avr. 2025 à 7h30
; mis à jour le 4 avr. 2025 à 10h37

Et si la guerre commerciale, avec toutes ses difficultés et crises à venir, permettait à la France et l’Europe de s’émanciper du vieil Oncle Sam, qui, semble-t-il, est atteint d’une crise de protectionnisme inédite ?

Donald Trump a lancé l’assaut, ce mercredi 2 avril 2025, avec son Liberation Day, en signant un décret généralisant des droits de douane de 10 % minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20 % pour les produits arrivant de l’UE.

Les répliques européennes devraient mettre encore plusieurs jours à se mettre en place, et certains voient l’occasion de s’affranchir de la dépendance américaine.

« Marche vers l’indépendance »

Dès ce lundi 31 mars, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, estimait que cette guerre commerciale engagée par Donald Trump devait entraîner « une marche vers l’indépendance » de l’Europe.

Lui appelle ça « Liberation day » aux États-Unis, moi, je considère que c’est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main et je pense que c’est une marche vers l’indépendance.

Christine Lagarde
Présidente de la BCE, sur France Inter

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Cela passe, dans un premier temps, par un bras de fer. Après la décision américaine, l’UE prépare une riposte en deux temps : « une première riposte qui sera efficiente à peu près à la mi-avril, qui va correspondre à sa première attaque sur l’aluminium et l’acier », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.

Et puis il y a un deuxième jeu de riposte qui sera probablement prêt à la fin du mois d’avril sur l’ensemble des produits et des services. Pour l’instant, cette deuxième riposte est en cours de négociation entre les pays membres de l’Union européenne.

Sophie Primas
Porte-parole du gouvernement

Plusieurs pistes

Parmi les pistes évoquées par l’exécutif, celle d’attaquer les services. « C’est par exemple les services numériques qui aujourd’hui ne sont pas taxés et qui pourraient l’être, les Gafam par exemple », a souligné la porte-parole.

La riposte pourrait aussi concerner « l’accès à nos marchés publics », a-t-elle indiqué.
« Nous avons aujourd’hui toute une batterie d’outils et nous sommes prêts à cette guerre commerciale », a-t-elle assuré.

Si l’UE peut appliquer des droits de douane réciproques, « il existe d’autres techniques pour limiter les importations », indique à actu.fr l’économiste Léo Charles, maître de conférences à l’université Rennes 2. Le membre des Économistes atterrés évoque ici les politiques non tarifaires que représentent les normes, comme celles environnementales.

Au-delà des répliques

Si les contre-attaques vont permettre d’imposer un rapport de force, important pour négocier, l’idée d’un modèle européen différent est aussi sur la table.

Aujourd’hui, notre croissance est basée sur l’exportation. Peut-être qu’une politique de relocalisation en Europe, pourrait permettre aux consommateurs de payer moins cher.

Léo Charles
Maître de conférences à l’université Rennes 2

Le moment permettra de voir, selon lui, « s’il y a une volonté de développer un modèle économique européen ». Comprendre, s’émanciper des États-Unis.

Emmanuel Macron travaille sur la bonne réponse

C’est en somme ce qu’a déclaré Emmanuel Macron, lors d’une réunion à l’Élysée de dirigeants de filières affectées par ces droits de douane. Avant d’esquisser quelques pistes de long terme, au-delà des répliques à Donald Trump.

Le premier avantage évoqué, c’est le marché européen de 450 millions d’habitants, « plus grand que celui américain ».

S’il partage le constat américain du problème de la désindustrialisation, le locataire de l’Élysée assure que les droits de douane sont une « mauvaise réponse ».

Nous devons travailler dans le même temps, au niveau français et européen, à accélérer nos programmes d’investissement, de réindustrialisation et de simplification. Cette réponse est essentielle. 

Emmanuel Macron

Alors que le Vieux Continent est dépendant des hydrocarbures qu’il importe, Emmanuel Macron appelle à « assumer l’agenda de décarbonation, car c’est un levier d’indépendance […] et ça réduit la facture ».

Il évoque aussi la « concurrence loyale » et « la protection commerciale » des entreprises européennes. Autant de pistes nécessaires pour se relever des annonces de Donald Trump et s’adapter à la guerre commerciale.

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