Olivia Colman et Benedict Cumberbatch jouent un couple en instance de divorce dans « La Guerre des Rose ».

Jaap Buitendijk / Jaap Buitendijk

Olivia Colman et Benedict Cumberbatch jouent un couple en instance de divorce dans « La Guerre des Rose ».

SORTIE CINÉMA – Ils font la guerre, pas l’amour. Olivia Colman et Benedict Cumberbatch jouent des époux qui se détestent autant qu’ils se sont aimés dans La Guerre des Rose, en salles ce mercredi 27 août. Le film est inspiré du roman culte du même nom de Warren Adler, publié en 1981, et déjà adapté en film par Danny DeVito en 1989.

Le remake de 2025 apporte une spécificité intéressante : les personnages principaux ne sont pas Américains mais Britanniques, expatriés aux États-Unis. L’occasion d’apporter une bonne dose de sarcasme à l’anglaise à cette comédie noire réalisée par Jay Roach, plutôt adepte de l’humour américain (c’est au réalisateur qu’on doit la trilogie Austin Powers et la saga Mon beau-père et moi).

La Guerre des Rose démarre avec une scène de thérapie de couple hilarante, durant laquelle Olivia Colman et Benedict Cumberbatch se lancent les pires vacheries mais semblent toujours complices. Une dichotomie qui donne le ton.

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Car avant de se haïr, Ivy et Theo Rose (c’est leur nom de famille) se sont aimés très fort. Et le film nous le montre. De leur rencontre électrique à leur vie de famille avec leurs deux adorables jumeaux, ils semblent former un couple parfait. Theo est un architecte à succès, Ivy aspirait à devenir cheffe mais a choisi de ne plus travailler pour élever leurs enfants. Cet équilibre convient à toute la famille, qui s’est installée au bord de la mer en Californie.

Divorce à l’anglaise

Mais lorsque la carrière de l’architecte s’écroule, les rôles s’inversent. Ivy assure le gagne-pain grâce au succès fou de son nouveau restaurant, et Theo devient père au foyer, vite au bout du rouleau. L’ambition professionnelle de l’une et la jalousie de l’autre vont petit à petit empoisonner leur relation.

Le ping-pong de répliques acerbes entre les deux acteurs, qui mettent tout leur talent au service des personnages, rend le film particulièrement jubilatoire. L’humour british sec et cassant ne connaît aucune retenue et s’élève au rang d’art lorsqu’il est utilisé en public. C’est le cas dans une scène de dîner d’anthologie, avec Ivy et Theo chacun en bout de table et leurs amis spectateurs de la guerre qui se joue devant eux. Tendus sur notre siège, on rit autant que l’on redoute la prochaine pique.

Ncuti Gatwa, Kate McKinnon et Andy Samberg apportent une bonne dose d’humour américain au couple britannique.

Jaap Buitendijk / Jaap Buitendijk

Ncuti Gatwa, Kate McKinnon et Andy Samberg apportent une bonne dose d’humour américain au couple britannique.

Mais il n’y a pas que le duo britannique qui nous régale. Toute la galerie de personnages secondaires renforce la comédie, avec un humour cette fois bien américain. Andy Samberg et Kate McKinnon jouent à merveille les époux qui s’ennuient dans leur couple plan-plan. L’acteur de Brooklyn Nine-Nine respire le déni et le désespoir avec ses sourires forcés, quand sa partenaire à l’écran passe tout le film à draguer Benedict Cumberbatch.

Zoë Chao et Jamie Demetriou campent, eux, les Californiens superficiels par excellence. Et face à ces trois couples mariés et aisés, Ncuti Gatwa et Sunita Mani apportent un vent de jeunesse et de liberté comme serveurs du restaurant d’Ivy. Enfin, même si elle n’a qu’une seule scène, Allison Janney est férocement drôle dans la peau d’une avocate spécialiste en divorce.

Anatomie d’un couple

Mais entre les moments de franches rigolades, La Guerre des Rose nous a aussi émus de façon inattendue. Comme Ivy et Theo, le film est constamment en conflit entre la comédie et le drame. Car c’est la chute d’un couple heureux qui se joue devant nos yeux, après une bonne partie du long-métrage consacrée à nous faire tomber amoureux d’eux. Et derrière leur sarcasme, les deux personnages souffrent.

Un parti pris assumé par le réalisateur : « La tonalité du film est singulière et s’inspire, pour l’essentiel, de la réalité de la vie. J’utilise souvent l’humour pour aborder les moments les plus difficiles », explique Jay Roach dans les notes de production. Difficile, donc, de rire de bon cœur face à ce couple qui ne sait plus communiquer, et dont les vacheries se transforment en violence. On a parfois plutôt envie de les aider là où leur thérapie de couple a échoué.

Seul bémol de ce film par ailleurs réussi : il ne présente aucune alternative pour ces parents que de sacrificer l’un ou l’autre, leur carrière et leur ambition professionnelle, au profit de leur famille. Pour le remake de 2025 d’un film sorti en 1989, dans lequel la femme s’était au contraire battue pour devenir financièrement indépendante, ce détail manque un peu de modernité.