C’est une sorte de FAQ, de « Foire aux questions » sur vos transports ! À quelques heures de la rentrée, Gaël Nofri, le président de Lignes d’Azur, répond aux interrogations les plus courantes des usagers au sujet du réseau et de ses évolutions.

Le tramway niçois est saturé, notamment la ligne 1. Quelles sont vos solutions ?

Aujourd’hui, nous comptons près de 400.000 voyages par jour sur le réseau Lignes d’Azur, c’est considérable. La ligne 1, à elle seule, transporte environ 120.000 à 140 000 usagers par jour, bien au-delà des 70 à 80.000 initialement prévus. Aux heures de pointe, nous avons atteint la capacité maximale, avec une fréquence de passage toutes les 3 à 4 minutes. Il n’est pas possible d’aller au-delà sans paralyser la circulation des axes traversés.

Gaël Nofri[© DR]

Depuis le 28 juillet, nous avons commencé à transformer progressivement nos rames courtes en rames longues. Il s’agit d’un processus de rallongement des rames existantes, réalisé une à une jusque fin décembre, afin de ne pas diminuer la capacité du réseau. Cette opération, qui représente un investissement de 28 millions d’euros, permettra de transporter jusqu’à 18 000 usagers de plus et d’améliorer, au moment de fortes affluences, les conditions de voyage.

Que retenir des premiers mois du Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) ? Succès ou pas ?

Les résultats sont bons. En mutualisant les lignes concernées (57, 8, 12), nous enregistrons une augmentation de fréquentation de près de 20 %. Le BHNS est plus rapide, il offre des cadences améliorées et permet de faire face au phénomène des heures de pointe qui, jusqu’alors, saturait le réseau.

bhns bus nice[© Nice-Presse]

Grâce à la ligne 8 notamment, nous offrons une alternative de qualité dans les déplacements Nord-Sud … comme le rallongement des rames de la ligne, déjà évoqué, elle permettra de désengorger cet axe. Nous allons d’ailleurs renforcer les fréquences en soirée, où les besoins sont importants.

Allez-vous déployer des BHNS sur d’autres axes ?

Le BHNS peut effectivement se développer là où un système de bus normal ne suffit plus. Cela exige une configuration spécifique des lieux et une capacité à mobiliser du foncier. Mais ce n’est pas notre seule solution : nous réfléchissons aussi à d’autres modes de transport innovants et adaptés à chaque territoire. Nous annoncerons prochainement plusieurs projets concrets en ce sens.

Comme vous le savez 2 nouvelles lignes de tramway sont aussi en cours de réalisation ou en projet, l’une vers Saint Laurent du Var et Cagnes sur Mer, l’autre vers l’est de Nice et la vallée du Paillon.

Pourquoi payer son billet quand beaucoup semblent frauder ?

Je comprends et j’entends régulièrement cette observation. Pourtant il convient de donner des chiffres concrets. Nous sommes le grand réseau français le moins fraudé. Sur l’ensemble des trajets, une personne sur cinq ne valide pas, mais sur ces non-validations seule la moitié représente en réalité une fraude avec perte de recettes : pour les autres il s’agit d’oubli de validation sur un abonnement ou de non-validation sur une correspondance.

La fraude est très faible sur le tramway en général du fait des très nombreux contrôles, notamment sur la ligne 2 grâce aux portiques en station souterraine. Certaines lignes de bus moins fréquentées, plus éloignées du centre-ville de Nice connaissent en effet, un taux de fraude plus élevé du fait de la complexité des contrôles.

Pour autant nous avons augmenté ces contrôles en renforçant les équipes de jour comme de nuit, en instaurant aussi un tableau de suivi des lignes pour avoir un décompte complet de la fraude ligne par ligne.

Les recrutements représentent un investissement important de la Régie puisque, contrairement à une légende, la verbalisation ne finance que 50 % à peu près du coût d’un contrôleur et nous ne sommes pas libres de fixer nous-mêmes le montant des amendes.

Pour revenir à votre question valider c’est aussi voter pour sa ligne: une ligne sans validation est aussi une ligne sans fréquentation, c’est donc une liste menacée de disparaître.

Que faites-vous pour renforcer la sécurité ?

Nous avons recruté des contrôleurs supplémentaires, créé une brigade en civil, mais aussi une unité de nuit. Il y a des boutons d’alerte dans tous les tramways et stations, ainsi que de nombreuses caméras de vidéoprotection dans les bus, les tramways et en stations.

La sécurité dans les transports publics est un combat sans fin : pour autant l’ensemble des équipes est mobilisé pour assurer des déplacements sûrs et sereins. Les résultats sont là et Nice est aujourd’hui un réseau cité en exemple et visité par d’autres réseau pour s’en inspirer.

Pourquoi ne pas proposer la gratuité totale des transports ?

Parce que la gratuité, ça n’existe pas. Ce que l’usager ne paie pas c’est le contribuable qui le paie. Parce que, aussi, il nous faut investir pour améliorer la qualité du service, augmenter les fréquences et les offres, la propreté et la sécurité.

Les tarifs actuels sont déjà très attractifs et l’usager ne paye en moyenne qu’1/4 du prix réel du transport. Le reste c’est l’impôt des ménages et des entreprises qui y pourvoient. Faire peser toujours plus sur les mêmes ne me paraît pas une bonne idée.

Je rappelle que l’abonnement mensuel est à 30 €, soit 1 € par jour, réduit à 15 € pour les mois de 26 ans, les séniors imposables et les salariés grâce à la prise en charge obligatoire par l’employeur.

tramway niceIllustration – Photo © Depositphotos.com

La gratuité pour les séniors les plus modestes (plus de 65 ans non imposables) et, depuis le 1er juillet pour les moins de 11 ans, représente, en revanche, un effort de solidarité intergénérationnel bienvenu.

Qu’est-ce qui n’est pas suffisamment connu des usagers ?

La gratuité pour les moins de 11 ans, puisqu’elle est toute récente, mais aussi les tarifs pour les seniors : 15 € par mois, voire la gratuité pour les non-imposables. L’abonnement illimité avec reconduction automatique mériterait aussi d’être davantage connu, parce qu’il évite à tout le monde bien des formalités.

L’arrière-pays est-il autant desservi que le littoral ?

La réalité topographique, géographique et démographique impose une adaptation des fréquences. Toutefois, les moyens engagés sont conséquents : un voyage vers le moyen et le haut- pays coûte jusqu’à 28 € à la collectivité contre 90 centimes en ville. Malgré cela, nous maintenons un tarif unique pour tous, partout dans la métropole, ce qui démontre une véritable solidarité territoriale.

Ces dernières années nous avons renforcé, en lien avec les municipalités de la Métropole, la desserte de la Tinée et de la Vésubie de façon conséquente.

De même, grâce au plan collinaire, porté par Christian Estrosi, l’offre s’est accrue et les fréquences ont doublé sur de nombreux quartiers jusqu’alors desservis toutes les heures.
C’est aussi un effort de solidarité territoriale sans précédent qui a un coût et que nous assumons.

Comment mieux utiliser les parcs relais et mobilités douces ?

Les parcs relais, gratuits pour les abonnés effectuant un aller-retour en transports, restent sous-utilisés pour les sorties loisirs et culturelles. Pourtant, ils offrent une solution idéale pour accéder facilement au centre-ville, de jour comme de nuit.

Quels retours obtenez-vous des usagers sur le terrain ?

Lorsque je suis sur le terrain, dans mes permanences, en réunion publique ou sur les marchés, les principales préoccupations que l’on me remonte sont la sécurité, la régularité et la propreté.

Ce sont précisément nos trois grandes priorités et, si tout n’est pas parfait – car il faut bien admettre que sur un réseau de près de 400.000 voyages par jour il y a une part d’impondérable – il n’en demeure pas moins que Lignes d’Azur est, à l’échelle de notre territoire, un réseau de grande qualité qui offre des solutions à tous.