Alors que deux Françaises se sont illustrées ce 19 août après être parties sans payer d’un restaurant italien, en France, les restaurants ne sont pas épargnés. À Toulouse, ou même à Pornic (Loire-Atlantique), les restaurateurs témoignent d’une augmentation de ces « restos baskets ».
Mais Marseille fait de la résistance. Du Vieux-Port à la Canebière en passant par La Plaine et Notre-Dame du Mont, ils sont peu nombreux à déplorer des clients qui partent sans payer. « Honnêtement cet été on n’en a pas eu du tout » avoue même Anaïs*, serveuse sur le cours Honoré d’Estienne d’Orves.
Des clients avec « une attitude très différente des autres »
Mieux, les restaurateurs semblent même avoir développé un second sens pour « vite repérer » ces clients. Tous sont formels « ils ont une attitude très différente des autres clients : ils posent des questions sur le paiement, regardent régulièrement les serveurs, choisissent des tables en bordure de terrasse et profitent généralement d’un gros rush » précise Anaïs*. Une constatation que partage Alex, dont le restaurant est situé sur le Vieux-Port.
Si ce n’est pas la première fois pour eux cette année, ils ne signalent pas une augmentation particulière de ce phénomène. Quelques jours avant, ils ont d’ailleurs été victimes d’un resto basket… Plus marquant que les autres. « J’avais jamais vu ça ! On est sur le Vieux-Port, face à Notre-Dame et les deux mecs se sont installés tous les deux face au bar, tournant le dos à la vue. » s’insurge Alex. Et même s’ils avaient été repérés, les deux hommes ont réussi à partir sans payer leur consommation.
Certains opposent tout de même deux types de clients qui commettent des restos basket. D’une part ceux qui le font « pour le fun » et qui souvent sont en vacances, « cet été on a eu trois jeunes qui ont bien mangé et puis on les a vus partir. Plusieurs serveurs sont partis en courant et finalement l’un d’entre eux s’est arrêté et a payé cash pour leurs consommations », raconte une serveuse à Notre-Dame du Mont.
D’autres constatent ce type de méfaits par des personnes « sans moyens ». « Une petite jeune s’était installée à table, je l’avais reconnue et elle n’avait pas de sac donc je savais qu’elle n’allait pas payer. Elle a bien mangé plat et dessert. Mais j’ai voulu lui donner une leçon donc je ne l’ai pas lâchée et elle m’a avoué qu’elle n’avait pas de quoi payer. Elle a pleuré mais ça s’est terminé avec un bisou et puis je lui ai dit que c’était bon », raconte Martine*, propriétaire d’une brasserie en centre-ville. Comme d’autres restaurateurs, elle indique pourtant « avoir de la peine » dans ces cas-là, et « qu’on peut toujours s’arranger » pour aider ces personnes à manger.
« On encaisse dès que l’on sert »
Dans certains restaurants ou bars brasseries, la solution est toute trouvée. « Nous, la consigne c’est d’encaisser dès qu’on sert les gens. On a une terrasse avec environ 120 places et il y a beaucoup de passage à La Plaine donc c’est bien plus simple » souligne un serveur. Une technique que certains restaurateurs commencent à mettre en place auprès des clients qu’ils suspectent.
« Il faudrait que les gens prennent conscience qu’on a des factures à payer et du personnel donc c’est toujours compliqué quand ça arrive » déplore Berta, restauratrice.
Effectivement lorsqu’un resto basket a lieu, « c’est parfois au serveur de rembourser car c’est sa responsabilité. En général on s’arrange quand même mais on peut prendre sur les pourboires par exemple » rappelle un serveur du cours D’Estienne d’Orves. « Le Marseillais est méfiant et nous aussi on a des baskets » prévient Martine* en désignant sa paire de sneakers, prête à rattraper les fuyards. Mieux vaut éviter de se frotter aux restaurateurs marseillais.
*Prénom modifié