Guillermo Del Toro signe une nouvelle adaptation du livre de Mary Shelley. Un film classique et sans grand intérêt.

Le synopsis

Il porte le projet depuis 18 ans. Dès 2007, Guillermo Del Toro annonçait son envie absolue de s’attaquer à Frankenstein. Mais la carrière du cinéaste mexicain l’a sans cesse éloigné de son rêve. Jusqu’à ce que Netflix vienne le trouver en 2023 pour enfin financer sa version du monstre iconique du cinéma mondial. Nous voilà donc en 1857 près du pôle Nord, où un navire danois tente de se frayer un chemin dans la glace. Mais l’équipage est surpris pas une énorme déflagration. Qui laisse un homme à moitié mort : Victor Frankenstein (Oscar Isaac). Ce dernier est poursuivi par un être au visage caché, grimpant à bord du navire pour tenter d’approcher le baron mutilé. Avant d’être lui-même jeté par-dessus bord grâce aux armes des marins.

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La critique de Paris Match (2/5)

Passé ce prologue digne d’un film d’action hollywoodien, Guillermo Del Toro nous emmène quelques années plus tôt. Quand le jeune Victor doit affronter les humiliations de son père, ne peut rien contre le décès de sa mère et doit composer avec ce frère cadet adoré du paternel. Del Toro compose ici des tableaux graphiques impressionnants, recréant l’Angleterre du XIXe siècle avec une grâce évidente. Mais très vite son film plonge dans une linéarité ennuyeuse : devenu adulte, Victor veut venger le décès de sa mère en imaginant l’homme éternel, suppléé dans sa quête par Herr Herlander (impeccable Christoph Waltz), homme d’affaires néerlandais fasciné par la quête d’immortalité. Le cinéaste se régale des corps découpés, des pendaisons, de la boucherie sanguinolente nécessaires à la construction d’un être composé à partir de cadavres achetés à vil prix sur les champs de bataille. Jusqu’à ce qu’enfin, dans une scène épique, la foudre frappe le laboratoire du professeur dingo. Et donne naissance à la créature, jouée ici par Jacob Elordi.

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Sans nuances, Guillermo Del Toro nous montre le combat du monstre face à l’homme, de l’être « différent », forcément effrayant, face à la folie d’un créateur dépassé. Tout cela est d’un classicisme étonnant, malgré la rage d’Oscar Isaac, impeccable dans le rôle du docteur Frankenstein. Del Toro nous inflige une longue séquence émotion quand sa créature se lie d’amitié avec un vieillard aveugle. Mais ne sort jamais de sa route toute tracée – l’inévitable happy end, la lutte entre le bien et le mal, la peur de l’étranger. Tout cela n’est pas loin de la faute de goût, entre mièvrerie et bien-pensance. On ne retiendra que le jeu impeccable de tous les comédiens et la qualité des images toujours époustouflantes d’un Guillermo Del Toro qui a probablement trop fantasmé ce « Frankenstein ». Comme si lui aussi avait, in fine, été dépassé par ce monstre incontrôlable…

« Frankenstein » de Guillermo Del Toro, disponible le 7 novembre sur Netflix