Un refus qui renforce encore davantage le rapprochement entre les États-Unis et le gouvernement israélien. Ce vendredi soir, Washington a annoncé son refus d’octroyer des visas à des responsables palestiniens qui doivent se rendre au siège des Nations Unies à New York en septembre. Une annonce qui a suscité le tollé à l’international. Explications.
Pourquoi ces responsables palestiniens doivent-ils se rendre aux États-Unis ?
Plusieurs responsables palestiniens doivent assister à la 80e Assemblée générale de l’ONU, qui se tiendra du 9 au 23 septembre. Une AG cruciale pour ces officiels : c’est lors de cette réunion que la France, à l’instar d’autres pays, doit plaider pour la reconnaissance d’un État palestinien, en plein conflit avec l’armée israélienne depuis les attaques du Hamas commises le 7 octobre 2023.
Le président américain Donald Trump, dont l’administration a nettement limité les relations avec les Nations unies, prévoit également d’assister à cette Assemblée générale.
Qui sont les responsables concernés ?
Parmi les responsables privés de visa se trouve le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Environ 80 autres Palestiniens, membres de l’Autorité palestinienne (AP) et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sont également visés par ce refus.
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), une organisation politique et militaire palestinienne, regroupe plusieurs mouvements palestiniens, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP).
L’OLP est actuellement dirigée par Mahmoud Abbas, qui est aussi à la tête de l’Autorité palestinienne, une structure issue chargée d’administrer certaines parties de la Cisjordanie.
Pourquoi les États-Unis refusent de leur octroyer des visas ?
Le département d’État américain a choisi de « révoquer et refuser » l’octroi de ces visas car il accuse les Palestiniens de se servir de la justice à des fins illégitimes en se tournant vers la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) pour résoudre leurs contentieux avec Israël.
L’Autorité palestinienne doit mettre fin aux « tentatives pour contourner les négociations à travers des guerres judiciaires internationales » et aux « efforts pour obtenir la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien », tonne un communiqué du département d’État américain.
Cette mesure extraordinaire de Washington rapproche encore plus l’administration du président américain Donald Trump du gouvernement israélien. Ce dernier rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien et cherche à mettre sur le même pied l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, et le mouvement islamiste armé Hamas à Gaza.
En revanche, le porte-parole adjoint du département d’État, Tommy Pigott, a précisé que la « mission de l’AP aux Nations unies » à New York, dont le chef est l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour « recevrait des exemptions (de visas) en vertu d’un accord entre l’ONU » et le département d’État qui permet aux responsables palestiniens de la mission de continuer de travailler dans la plus grande ville des États-Unis.
Quelles réactions à l’international ?
Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a qualifié d’« initiative courageuse » le refus par les États-Unis d’octroyer ces visas. « Merci (…) de tenir l’OLP et l’Autorité palestinienne responsables des récompenses qu’elles offrent aux terroristes, pour leur incitation à la haine et leurs efforts pour lancer une guerre juridique contre Israël », a-t-il écrit sur X.
Thank you @SecRubio for holding the « PLO » and PA accountable for rewarding terrorism, incitement and efforts to use legal warfare against Israel. We thank @POTUS and the Administration for this bold step and for standing by Israel once again. pic.twitter.com/vi2SP7IaWA
— Gideon Sa’ar | גדעון סער (@gidonsaar) August 29, 2025
Vendredi soir, l’Autorité palestinienne avait en retour exprimé « son profond regret et son étonnement » face à cette décision qui est « en contradiction avec le droit international », et a appelé Washington à « revenir » dessus.
Ce geste a aussi été dénoncé samedi, à Copenhague, par le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, selon qui « le siège des Nations Unies est un lieu de neutralité (…) un sanctuaire, au service de la paix ». « Une assemblée générale des Nations Unies ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », a-t-il insisté.
L’Union européenne a également appelé samedi les États-Unis à « reconsidérer » leurs refus de visas. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a quant à lui déclaré qu’il était « important » que tous les États et les observateurs permanents, y compris les Palestiniens, soient représentés lors d’un sommet prévu la veille du début de l’Assemblée générale. « Nous espérons évidemment que cela sera résolu ».
Quelles solutions ont été proposées pour répondre à la crise ?
En parallèle, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Xavier Bettel a suggéré d’organiser à Genève (Suisse) une session spéciale de l’AG de l’ONU pour s’assurer de la présence des Palestiniens. « On doit pouvoir discuter ensemble. On ne peut pas nous prendre en otage », a-t-il défendu.
Vendredi, Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU, avait choisi d’adopter une attitude prudente. « Nous verrons » ce que ce refus « implique exactement et comment cela s’applique à nos délégations, puis nous répondrons en conséquence », a-t-il déclaré face à la presse.
Des situations similaires se sont-elles déjà produites ?
En 1988, Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, avait prononcé un discours lors d’une session spéciale de l’Assemblée générale réunie à Genève plutôt que New York, après un refus des États-Unis de le laisser rentrer sur leur territoire.
Plus récemment, en 2013, les États-Unis avaient refusé un visa à Omar el-Béchir, alors président du Soudan, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide dans le conflit du Darfour. Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la CPI.