La fréquentation des salles de cinéma est en berne. Même les blockbusters de l’été n’attirent pas les spectateurs. L’affluence a baissé de 13,6% sur les sept premiers mois de l’année par rapport à l’année dernière, avec 89,5 millions d’entrées contre 103,6 millions en 2024. La chute est forte en mai et juin. Mais pas de quoi décourager les professionnels du cinéma.
« Promis le ciel », c’est le nom du prochain film d’Erige Sehiri. Il ne sortira qu’en novembre, mais déjà la réalisatrice vient rencontrer le public à Angoulême. Son film est en compétition. Elle espère compter sur le bouche-à-oreille : « On aimerait être l’exception qui fait qu’un film à petit budget aura du succès. On n’a tellement pas de contrôle sur ça. On sait que nos films sont délicats, alors il y a un public de niche à aller chercher, qui n’irait pas forcément au cinéma, mais qui irait pour ce film-là. »
La réalisatrice le constate, « il y a plus de pression, à la fois pour faire les films, les fabriquer, car il y en a beaucoup. D’une certaine manière, on est davantage en ‘concurrence’, même si je n’aime pas ce mot-là. On sent cette pression. Même avant la sortie en salle. C’est la cerise sur le gâteau si ça fonctionne tellement on a traversé des étapes difficiles avant d’arriver là. »
Une année 2024 faste
Cette baisse de fréquentation s’explique aussi par une année 2024 exceptionnelle, avec des films comme « Un petit truc en plus » et « Le comte de Monte-Cristo ». Olivier Henrard, le directeur général du CNC, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), relativise : « On sait qu’un film change les règles. Il ne faut pas oublier que le cinéma reste une industrie, de la fabrication artisanale. C’est-à-dire que l’arrivée d’un ou deux films populaires sur une année civile peut faire basculer la fréquentation de l’année du bon ou du mauvais côté. Un film peut retourner une tendance. Il ne faut pas paniquer. »
Il préfère « prendre du recul », car l’an passé « des locomotives avec des gros films français et américains » ont permis à la France d’être « le seul pays au monde dont la fréquentation des cinémas avait progressé en 2024 par rapport à 2023 ». Ce « petit coup de mou » n’inquiète pas Olivier Henrard, qui rappelle que les productions hexagonales continuent de plaire : « Les Français vont voir 40 % de films français. Quand les Espagnols, les Italiens et les Allemands vont voir entre 15% et 20 % de films nationaux. »
Les yeux tournés vers la fin d’année
D’autant que des productions prometteuses sont attendues, assure François Clerc, distributeur chez Apollo Films : « À partir du second semestre et jusqu’à la fin d’année, je peux vous garantir que l’offre sera à nouveau présente. » Parmi ces films qui pourraient booster la fréquentation en salle, il y a la suite de « Kaamelott » d’Alexandre Astier, « Chien 51 » de Cédric Jimenez ou encore la comédie dramatique « La Femme la plus riche du monde », inspirée de Liliane Bettencourt, avec Isabelle Huppert et Laurent Laffite.
« L’année prochaine, il y aura une conjonction de grands films français et de grands films américains », poursuit François Clerc. « Quand vous voyez le retour de Christopher Nolan et de Steven Spielberg, vous savez déjà que vous aurez une bonne année sous les yeux. » Suffisant pour faire revenir les spectateurs en salle ? C’est en tout cas prometteur.