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Rédaction Marseille

Publié le

31 août 2025 à 7h24

Une « recommandation très rare », mais nécessaire, selon elle. Dans un avis publié ce vendredi 29 août 2025, Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) préconise « la fermeture, au moins partielle », de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Marseille, situé dans le quartier de La Valentine dans le 11e arrondissement.

Voici pourquoi.

Une enquête diligentée par Gérald Darmanin

Dans cet établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille-La Valentine, « des mesures urgentes doivent être prises pour remédier, d’une part à l’indignité des conditions matérielles de prise en charge des mineurs détenus et, d’autre part, aux conséquences catastrophiques de la démobilisation et de l’absence du personnel pénitentiaire et éducatif », dénonce Dominique Simonnot dans ces « recommandations » transmises au ministre de la Justice le 31 juillet.

En réponse, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a indiqué jeudi avoir « diligenté une inspection de l’établissement confiée à l’inspection générale de la justice », dans un courrier consulté par l’AFP.

« De nombreux dysfonctionnements »

La prison dispose de 59 places exclusivement pour des garçons âgés de 13 à 18 ans, dans une ville où les mineurs sont de plus en plus impliqués dans les trafics de drogue. Elle a été inspectée du 7 au 11 juillet par la contrôleure générale et cinq autres inspecteurs.
Ils ont constaté « de nombreux dysfonctionnements entraînant des atteintes graves aux droits des adolescents détenus ».

Les murs des cellules « sont partout couverts de graffiti, dont la couleur et la texture évoquent parfois de la matière fécale ou du sang », détaille le rapport, photos à l’appui.
Les salles d’eau privatives sont dépourvues de portes, « tous les matelas sont en mauvais état », avec parfois un simple morceau de mousse sans housse de protection et sans drap.

Le ministre assure dans sa réponse que des travaux ont été effectués entre 2024 et 2025, mais que « les fortes dégradations » sont « commises par la population pénale mineure ». « Une à deux unités » de la prison seront fermées en septembre pour « la réfection progressive des cellules », poursuit Gérald Darmanin.

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Pour ces adolescents, il n’y a pas de distribution de produits d’hygiène qu’ils doivent acheter à distance et l’usage des téléphones fixes est soumis à « des tarifs prohibitifs », déplore Dominique Simonnot, recommandant la gratuité des appels.

La prison pour mineurs de Marseille se trouve dans le quartier de La Valentine (11e).
La prison pour mineurs de Marseille se trouve dans le quartier de La Valentine (11e). (©Capture d’écran Google Street View)Les adolescents enfermés dans des conditions déplorables

À Marseille, où les étés peuvent être caniculaires, il est « interdit » de poser des rideaux sur les fenêtres des cellules et seuls les jeunes reconnus sans ressources peuvent bénéficier d’un ventilateur gratuit. Les repas distribués sont frugaux et nombre des jeunes entendus ont déclaré « avoir constamment faim ». Selon le ministère, les quantités de nourriture sont réglementaires et « l’unité sanitaire n’a jamais alerté la direction de la structure d’un amaigrissement inquiétant d’aucun mineur lié à son alimentation ».

Lors de son inspection inopinée, la contrôleure a également constaté un procédé « dégradant » dit de « mise en grille », consistant à enfermer un adolescent dans des « locaux barreaudés, dépourvus d’assise, de point d’eau potable et de WC, où aucune surveillance continue n’est assurée ». La durée de l’isolement « varierait d’une demi-heure à cinq heures ». Cette pratique « doit être immédiatement et définitivement proscrite », intime Dominique Simonnot.

Elle « venait répondre exceptionnellement à l’absence, au sein des unités, de salle d’attente permettant de séparer des mineurs lors d’incidents », indique Gérald Darmanin, annonçant que « l’arrêt immédiat » de cette « pratique locale » a été « acté » le 20 août.

Ces « enfants sont laissés à l’abandon, enfermés 23h sur 24h. Il n’y a plus de prof, il n’y a plus de surveillants, il n’y a plus rien », s’indigne encore Dominque Simonnot, réclamant que « l’administration (pénitentiaire et protection judiciaire de la jeunesse) donne au personnel les moyens de répondre aux besoins des mineurs détenus ».

Avec AFP

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