Par
Théo Zuili
Publié le
31 août 2025 à 7h50
Un travail monumental. Mickaël Defour, habitant de Brignais (Rhône) âgé de 39 ans, travaille depuis 2023 sur une modélisation 3D de la ville de Lyon au IIe siècle. Ce passionné se voue à donner vie aux schémas minimalistes des historiens. Le tout, gratuitement : « Si internet doit servir à quelque chose, c’est bien à ça », sourit-il humblement.
Une première pour la capitale des Gaules. Près de 1 800 ans plus tard, cette représentation de la ville gallo-romaine permet de se faire une nouvelle idée de ce à quoi ressemblait la vie des Lyonnais de l’Antiquité.
Un nouveau média pour raconter le passé
Depuis 180 ans, photographies et cartes postales offrent d’inégalables manières de plonger dans le passé de Lyon. S’il reste aisé d’imaginer la vie à la Renaissance ou au Moyen Âge grâce aux myriades de plans d’époque conservés, se visualiser l’Antiquité lyonnaise est un exercice bien plus abstrait.
Mickaël Defour a mis ses talents de modélisation 3D au service des Lyonnais en réalisant un travail premier du genre. Le Ligérien s’est appuyé sur les représentations artistiques et les découvertes des archéologues pour faire renaître la ville de Lugdunum comme jamais auparavant.
Fourvière, Presqu’île, Croix-Rousse…
Le passionné a réalisé un travail titanesque en modélisant un large territoire, d’Oullins à Caluire et de Francheville à Vaulx-en-Velin. « La plupart, ce sont des prés et des marais, mais quand même ! » Des milliers de bâtiments, un souci du détail, avec une reproduction des maisons romaines typiques, modélisées et placées chacune à la main…
On retrouve l’amphithéâtre des Trois Gaules, le théâtre de Fourvière et son odéon, l’hippodrome… Et l’on découvre nos deux collines à fleur d’eau, une Saône et un Rhône indomptés, dont les bras forment deux îles aujourd’hui disparues : l’île de Saint-Jean, dans l’actuel Vieux-Lyon, et Canabae, quand l’actuelle Presqu’île était une île.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
Résultat : un fichier SketchUp de quatre gigas octet. Mais Mickaël estime être très loin d’un travail achevé. « Je dirais que j’en suis entre 15% et 20%. Je mettrai peut-être une vie à le terminer ! D’autant que des découvertes vont être faites et qu’il faudra reprendre… »
Des centaines d’heures investies
Mickaël explique s’être lancé malgré lui dans ce projet. « Je n’avais pas du tout prévu de faire ça. J’ai commencé juste pour voir à quoi ça pourrait ressembler, avec le théâtre antique de Fourvière. Je suis passé à l’odéon, puis tout le quartier, puis au reste. Je me suis laissé happer par ce travail-là », se rappelle celui qui n’a pas compté ses heures.
C’est ici que l’aventure a débuté pour Mickaël : à gauche, une modélisation du théâtre antique de Fourvière, et à droite, l’odéon. (©Mickaël Defour / Lyon 3D Antique)
« J’estime en global 300 heures à minima. C’est peut-être beaucoup plus. » Rien que pour l’amphithéâtre, c’est une quarantaine d’heures de modélisation minutieuse. Les musiques du film Gladiateur dans les oreilles et ses photos prises sur place comme modèle, le passionné s’est laissé porter.
Un travail loin d’être parfait
Un support pensé pour les historiens ? Non. Mickaël ne prétend pas avoir réalisé un travail parfait, loin de là. Le passionné assume une visée plus artistique qu’historique. Les experts de l’Antiquité ne manqueront pas de s’étouffer en constatant l’absence d’aqueducs (à venir dans une prochaine mise à jour) et les différentes libertés prises par le passionné.
Je ne suis pas historien, je suis animateur pour enfant et je fais ça dans mon temps libre. J’essaie de faire au plus crédible avec les zones d’ombres. L’idée, ce n’est pas d’être sans erreur, mais d’ouvrir une porte de l’imaginaire, en sortant l’histoire des livres, où elle est trop souvent confinée.
Mickaël Defour
Une vue générale du travail de reconstitution de Lugdunum au IIe siècle. (©Mickaël Defour / Lyon 3D Antique)
Mickaël ne balaie pas l’idée de monétiser, à l’avenir, ce travail. « Je fais ça pour moi avant tout, parce que j’adore ça. Je n’exclus pas d’en faire commerce, mais j’aime l’idée qu’on puisse tomber dessus sans payer. Si quelqu’un s’intéresse à cette histoire en regardant ma vidéo, j’ai l’impression d’avoir gagné un truc », sourit-il.
Vous aussi travaillez dans votre temps-libre sur un projet ambitieux qui pourrait intéresser les Lyonnais ? N’hésitez pas à m’écrire ici : [email protected].
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.