Bretagne Classic, ce dimanche à PlouayFin janvier, vous avez dû renoncer au stage de l’équipe Visma-Lease a bike à Ténérife…

Je me sentais anormalement fatigué, j’avais des maux de tête, de la fièvre. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. J’imaginais un gros rhume. J’ai passé des examens, le résultat est tombé : le cytomégalovirus (de la même famille que le bouton de fièvre ou la varicelle). J’avais vu des affiches sur le sujet à la crèche de mes enfants. Je n’étais pas spécialement inquiet, d’autant plus que dans la plupart des cas, l’infection est asymptomatique. Je pensais que ça allait passer rapidement. Malheureusement, ça a duré cinq mois.

Comment avez-vous traversé cette épreuve ?

Moralement, c’était parfois compliqué. Je ne savais pas pour combien de temps j’en avais. Je me reposais au maximum, j’essayais de passer le temps en me baladant mais lorsque j’étais actif, les symptômes devenaient plus prononcés. Dès que je me sentais un peu mieux, je sortais le vélo mais ça ne faisait qu’ajouter de la fatigue à la fatigue. C’était un cercle vicieux. Un à un, on a repoussé les stages et les objectifs. J’ai fait le deuil des classiques, puis du Tour de France. Au bout d’un moment, je ne pensais même plus trop au vélo. Je ne m’attendais tellement pas à ça.

A quoi ressemblaient vos journées ?

C’était le côté frustrant du truc : pour une fois, j’avais l’opportunité d’être à la maison mais je ne pouvais même pas en profiter. Je voulais faire des choses, je ne pouvais pas. Je me suis occupé de mes enfants, un peu de mon jardin. Je regardais aussi les courses à la télé. Rester sans rien faire, je ne sais pas. Ce n’était pas vraiment des vacances, ce n’était pas facile à vivre.

En avril, vous avez annoncé votre retour sur les réseaux…

J’étais un peu trop enthousiaste (il sourit). Pendant une semaine, j’ai pu m’entraîner, une heure et demie ou deux heures par-ci par-là. Je pensais que je voyais le bout du tunnel. J’ai été ramené à la raison, la grosse fatigue est revenue. J’ai dû à nouveau tout stopper.

Avez-vous craint de devoir mettre un terme à votre carrière ?

Pour être franc, j’étais plus inquiet pour ma santé que pour ma carrière. Je ne savais pas si ça allait partir, je n’étais sûr de rien. J’ai douté, j’ai eu peur que tout s’arrête. J’ai compris que j’étais vulnérable. En rigolant, je me disais qu’au moins, j’aurais gagné la dernière course de ma carrière (Paris-Tours, en octobre). En juillet, j’ai vu ça allait mieux. J’ai pu rejoindre les gars de l’équipe qui préparaient la Vuelta à Tignes. J’ai vite repris mes habitudes ce coureur.

Vous avez repris la compétition, 315 jours après, à la Cyclassics de Hambourg (89e). Qu’attendez-vous de la Bretagne Classic ?

En temps normal, Plouay, c’est déjà dans la limite de mes capacités alors là… Je vais essayer d’aider l’équipe, je n’ai pas le niveau pour viser autre chose. J’espère qu’elle va m’aider à progresser. Sur le Renewi Tour, je voulais tenter des choses mais physiquement, je n’en étais pas capable. D’ici la fin de saison, j’aimerais jouer les premiers rôles sur certaines courses. À l’avenir, je ne vois pas pourquoi je ne retrouverais pas mon meilleur niveau.