Le débat sur le poids réglementaire minimum en MotoGP
refait surface, opposant deux visions radicalement différentes.
D’un côté, Luca Marini, pilote Honda, qui estime que les gabarits
légers ont un avantage injuste. De l’autre, Dani Pedrosa, légende
du paddock, qui rétorque que la question est bien plus complexe et
que les « petits » sont, au contraire, désavantagés sur
les monstres de puissance actuels.
Luca Marini (1,84 m, 70 kg) porte depuis
longtemps ce combat. Il argue que la physique pure avantage ceux
qui pèsent moins lourd, les forçant, lui et d’autres pilotes de sa
corpulence, à des régimes drastiques et dangereux pour rester
compétitifs.
« De nos jours, beaucoup de pilotes perdent du poids car
cela leur permet d’aller plus vite », dénonce-t-il sur
Corsedimoto, citant même l’exemple de Dani
Pedrosa qui aurait bénéficié en son temps d’un avantage
spécifique à Misano par le passé : être le
seul, grâce à sa morphologie de jockey, à avoir pu utiliser un pneu
tendre.
Sa proposition est simple : instaurer un poids minimum
combiné pilote-moto, comme dans d’autres sports. « Les
petits doivent simplement s’entraîner un peu plus pour prendre du
poids, mais ceux qui sont au-dessus d’une certaine taille ne
peuvent pas perdre de poids. » Pour lui, cette règle
rétablirait l’équité.
Dani Pedrosa, la
contre-attaque d’un expert : « Luca Marini se trompe
complétement »
La réponse de Dani Pedrosa, lui-même ancien
pilote de petit gabarit (1,58 m), ne s’est pas fait attendre.
Brutale et argumentée, elle pulvérise la thèse de
Marini. « Luca Marini a parlé du poids
réglementaire récemment, mais je pense qu’il a complètement
tort. »
L’Espagnol avance deux arguments majeurs :
La question de la force : « même si le
pilote le plus petit pèse moins, en termes de force, le pilote le
plus grand en a beaucoup plus. » Un pilote lourd a plus de
puissance musculaire pour lutter contre les forces G et manœuvrer
une moto lourde.
Le désavantage aérodynamique : sur une MotoGP,
le petit gabarit est un handicap. « L’adaptation aérodynamique
est plus difficile » pour un pilote grand, certes, mais un
petit pilote est aussi plus exposé aux turbulences et moins apte à
« casser » l’air.
Sa conclusion est sans appel : la logique de
Marini est inversée. « On alourdit un
pilote plus petit pour déplacer une moto plus lourde, avec moins de
force. C’est contraire à la logiique. De même, les pilotes
plus petits sur des motos de grosse cylindrée sont toujours
désavantagés. »
Ce duel oppose deux expériences fondamentalement différentes :
celle de Marini, qui vit la difficulté de devoir
mincir à l’extrême pour gagner des millièmes. Celle de
Pedrosa, qui a consacré sa carrière à lutter
contre son désavantage physique sur des motos toujours plus grandes
et puissantes.
La vérité se situe probablement entre les deux : si un faible
poids est un avantage en accélération, une grande taille offre une
meilleure stabilité et une plus grande force physique.
Une chose est sûre : ce débat technique et philosophique, qui
touche à l’équité sportive la plus fondamentale, est loin d’être
clos. La balle est désormais dans le camp de la FIM pour trancher –
ou non – ce nœud gordien en Grand Prix. Il a été fait en WSBK, au
grand dam du poids léger
Alvaro Bautista qui a sombré depuis dans
l’anonymat du peloton …