Ce lundi 11 août, un jeune homme de 19 ans comparaissait devant le tribunal de Montpellier pour avoir brûlé volontairement 10 voitures, un local à poubelle et des clôtures de maisons à Saint-Jean-de-Védas.
Dans la nuit du 24 juin, entre 4 h et 5 h du matin, les forces de l’ordre et les pompiers sont alertés pour plusieurs départs d’incendies à Saint-Jean-de-Védas, dans une zone à forte densité d’habitations. L’inquiétude est immédiate. Les flammes, parties de plusieurs véhicules en feu se propagent bien vite à un local à poubelles et lèchent les façades de maisons voisines. Au total : dix voitures carbonisées et six départs de feu recensés.
Rapidement un individu à proximité des pompiers et en état d’ébriété est identifié comme suspect. Âgé de 19 ans, Noah présente sur lui des traces de suie et sent les hydrocarbures. Il est directement placé en garde à vue et après examen, son taux d’alcool est évalué à 1,8 g/L. Entendu quatre fois, ce dernier livre des versions différentes des faits, admettant « mélanger ses histoires ». Il nie pourtant avoir commis les faits qui lui sont reprochés affirmant se souvenir de « flashs » de sa soirée. « Ce n’est pas moi, ça ne correspond pas à mon éducation, je n’ai jamais fait une connerie », déclare-t-il à la présidente.
« Tu as fait prendre feu les voitures petit con ? »
Toutefois beaucoup d’éléments vont à l’encontre de ses déclarations jugées « entêtées, illogiques et peu crédibles » selon le procureur. Plusieurs témoins disent avoir aperçu un jeune homme sur la route ce matin-là et donnent une description claire : un jeune homme mince, pantalon blanc et t-shirt marine avec une « grosse touffe de cheveux » et un serre-tête les plaquant en arrière, sentant l’essence. L’un d’eux rapporte avoir vu le garçon figé au milieu de la route pour observer le feu dans un état second qui lui aurait lancé : « Ça pète, tu as vu, c’est le 14 juillet » pour ensuite lui demander de le conduire à Palavas. Anthony, une connaissance de Noah, rapporte l’avoir croisé sur les lieux près des pompiers alors qu’il se rendait à son travail. Noah l’aurait interpellé pour lui demander de le ramener. Lors de la garde à vue, un message d’Anthony sera retrouvé dans le téléphone du prévenu : « c’est toi, tu as fait prendre feu les voitures petit con ? »
Les caméras de surveillances attestent leurs dires, montrant un individu avec la même tenue s’approchant et pénétrant dans une voiture, jouant avec un briquet, puis provoquant un départ de feu.
« On se met en danger pour des choses futiles »
Le procureur a souligné la gravité des faits et les avocats des parties civiles ont décrit la peur persistante des habitants : une septuagénaire traumatisée, une riveraine craignant une récidive, une autre voyant sa façade léchée par les flammes. Certaines victimes n’étaient pas assurées contre l’incendie. Un pompier, présent à l’audience, raconte s’être brûlé à la cuisse en intervenant le jour des faits. Il a subi 30 jours d’arrêt de travail et garde une cicatrice à vie : « On se met en danger pour des choses futiles », a-t-il déploré, en colère.
Malgré le fait que l’avocat du prévenu ait plaidé l’insuffisance des preuves matérielles et une enquête lacunaire, l’absence d’examen de ses vêtements ainsi que le doute sur son identification sur les vidéos, le tribunal a jugé Noah coupable. Il est condamné à deux ans d’emprisonnement dont douze mois fermes aménageables sous bracelet électronique, assortis d’un an de sursis probatoire pendant deux ans. Le jeune homme, devra également suivre des soins en addictologie et indemniser les victimes.