Un orage qui s'abat sur un champ et décuple les allergies au pollen.Un orage peut déclencher des crises d’asthme massives dans la population, surtout en zone urbaine. © Adobe Stock

Lorsqu’un orage éclate, l’humidité et les turbulences atmosphériques provoquent la fragmentation des grains de pollen. Ces derniers se transforment en particules microscopiques, beaucoup plus fines que les grains entiers.

Ces particules pénètrent profondément dans les voies respiratoires, jusque dans les bronches, alors que le pollen classique est en grande partie filtré par le nez. Une réaction allergique brutale pouvant déclencher des crises d’asthme sévères. Le phénomène est aggravé par le vent, qui rabat les pollens au sol, et par la pollution atmosphérique, déjà connue pour accentuer l’inflammation des bronches.

Asthme d’orage : un mal peu connu  Des épisodes documentés en France et à l’étranger

En France, plusieurs épisodes ont déjà été observés :

  • Nantes, juin 2013 : après un orage, SOS Médecins enregistre 152 consultations pour asthme en quatre jours, contre 27 habituellement. La majorité des patients étaient des jeunes adultes allergiques aux graminées.
  • Île-de-France, juin 2023 : un épisode similaire entraîne près de 1 900 passages aux urgences en trois jours. Le pic a concerné surtout les 15–44 ans, dont beaucoup n’étaient pas asthmatiques connus.

À l’étranger, certains épisodes ont été dramatiques. À Melbourne (Australie), en novembre 2016, près de 10 000 personnes ont été admises aux urgences en une seule nuit et neuf sont décédées.

Asthme d’orage : qui est concerné ?

Contrairement aux idées reçues, les patients victimes d’asthme d’orage ne sont pas uniquement des asthmatiques connus. Beaucoup sont en réalité des personnes allergiques aux pollens mais sans diagnostic d’asthme préalable.

Selon le ministère de la Santé, 80 % des asthmatiques souffrent aussi de rhinite allergique, et cette dernière multiplie par quatre le risque de développer un asthme.

Les groupes les plus vulnérables identifiés sont :

  • les adolescents et jeunes adultes (10–39 ans) ;
  • les personnes allergiques aux graminées (ray-grass, dactyle, fléole, etc.) ;
  • les habitants de zones urbaines, plus exposés à la pollution.

Asthme d’orage : vers une augmentation des épisodes ? Un phénomène accentué par le changement climatique

Les experts redoutent que ce risque augmente dans les prochaines décennies. Les raisons sont multiples :

Une étude britannique publiée en 2021 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology conclut que l’asthme d’orage pourrait devenir un enjeu de santé publique croissant si les conditions météorologiques extrêmes se multiplient.

Comment se protéger ?

Les spécialistes recommandent des mesures simples mais efficaces :

  • Surveiller les bulletins polliniques (RNSA) et les alertes météo.
  • Rester à l’intérieur, fenêtres fermées, lors d’un orage en pleine saison pollinique.
  • Disposer en permanence d’un inhalateur de secours si l’on est asthmatique.
  • Consulter un allergologue pour un bilan complet, notamment en cas de rhinite allergique.
  • Mettre en place un plan d’action personnalisé avec son médecin.

Un défi de santé publique

Au-delà des précautions individuelles, l’asthme d’orage représente un enjeu collectif. Les afflux soudains de patients aux urgences saturent les services hospitaliers. Dans certains pays, comme l’Australie, des systèmes d’alerte combinant données polliniques et météo ont été mis en place après les épisodes meurtriers de 2016.

En France, les agences régionales de santé et les associations de surveillance de l’air (Atmo, RNSA) commencent à alerter davantage le public. Mais la coordination reste encore limitée.

À SAVOIR 

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’asthme touche environ 4 millions de personnes en France et représente près de 60 000 hospitalisations par an. Même si l’asthme d’orage reste rare, il peut révéler un asthme jusque-là silencieux.

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