Il ne lui restait qu’un gros mois de prison à purger avant de pouvoir espérer revoir la lumière du jour. Mais ce dimanche matin, à l’aube, le corps ce détenu de 40 ans a été retrouvé carbonisé dans sa cellule de la prison de la Santé (Paris XIVe), a appris le Parisien de sources concordantes. Le parquet de Paris, sollicité, confirme l’ouverture d’une « enquête en recherche des causes de la mort », pour faire toute la lumière sur les circonstances exactes de drame.

D’après la Direction de l’administration pénitentiaire, Hamady S., détenu condamné — et non en attente de jugement — a mis lui-même feu à sa cellule, vers 6 heures du matin. « Il souffrait de troubles psychiatriques », confirme le parquet de Paris. Son corps n’était même pas reconnaissable lorsque les pompiers sont parvenus à pénétrer dans sa cellule, entièrement carbonisée, après avoir maîtrisé le sinistre.

Deux coursives évacuées

Une centaine de soldats du feu ont été mobilisés. Quatre voisins de cellule d’Hamady S., légèrement intoxiqués par les fumées, ont dû être extraits de leurs cellules et conduits dans un hôpital pour y effectuer de tests. Parmi eux, deux se trouvaient alors en état d’urgence relative. Deux coursives ont été entièrement évacuées par mesure de précaution, le temps d’aérer les locaux. Les détenus qui les occupaient ont été mis à l’abri dans une cour de promenade. Aucun agent pénitentiaire n’a été blessé pendant l’opération.

Unique établissement de Paris intra-muros, la maison d’arrêt de la Santé affichait une densité carcérale de 189,2 % au 1er août. Un chiffre supérieur à la moyenne au sein de la direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Paris : 157 %. En plus du problème récurrent de surpopulation, les prisons françaises souffrent de la vétusté de leurs bâtiments, notamment lors des périodes de fortes chaleurs.

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ÉcouterSaturation et « atteinte à la dignité »

En novembre, la défenseure des droits, Claire Hédon, a dressé « un constat alarmant » et alerté les pouvoirs publics sur « les atteintes aux droits graves et répétées » subies par les détenus. « La surpopulation entraîne une atteinte à leur dignité », a-t-elle estimé. Cette saturation des prisons aggrave les problèmes liés au « manque de personnel », a encore souligné la défenseure des droits. En particulier les services de santé, « dépassés », qui « ne peuvent offrir une prise en charge à tous les détenus ».

La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière la Slovénie et Chypre, selon une étude publiée en juillet par le Conseil de l’Europe.