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Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a fait de la compétitivité des entreprises américaines une priorité. Après l’instauration de droits de douane massifs, le président américain se réjouit désormais de la dépréciation du billet vert.
En chute de plus de 9 % depuis le début de l’année face à un panier de devises (indice DXY), le dollar s’échange désormais à 1,16 face à l’euro, un niveau inédit depuis 2021.
Pour Donald Trump, un dollar faible est un atout pour l’économie américaine : il permet aux biens « made in USA » d’être plus accessibles sur les marchés étrangers.
Concrètement, lorsqu’un euro vaut 1,15 dollar, un produit de 100 dollars est vendu environ 87 euros, contre plus de 95 euros si la parité est de 1,05.
Résultat : les exportateurs américains gagnent en compétitivité-prix.
Les grandes multinationales sont les premières bénéficiaires. Amazon, par exemple, a indiqué avoir profité d’un « impact favorable » de 1,5 milliard de dollars lié aux taux de change au deuxième trimestre.
Un revers pour les consommateurs américains
Cette stratégie comporte toutefois des inconvénients. Un dollar faible renchérit le prix des biens importés, aggravant la facture pour les consommateurs américains déjà confrontés à l’inflation.
Selon Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG, un produit européen subit une hausse de près de 30 % une fois cumulés les droits de douane de 15 % et la dépréciation de 12 % du dollar.
Trump espère que ses politiques inciteront les industriels à relocaliser leur production, mais ces effets ne se feront sentir qu’à long terme. À court terme, les ménages américains continuent de payer plus cher leurs importations.
La Fed sous pression et la confiance en berne
La baisse du dollar est aussi liée aux anticipations des marchés. Les investisseurs, inquiets des conséquences des tarifs douaniers sur la croissance, anticipent une baisse des taux par la Réserve fédérale.
Jerome Powell, son président, a déjà ouvert la porte à ce scénario pour soutenir l’emploi, craignant une dégradation rapide du marché du travail.
Mais cette orientation inquiète les investisseurs institutionnels internationaux, qui manifestent une « désaffection vis-à-vis du dollar ». La politique jugée imprévisible et agressive de Donald Trump a renforcé cette perte de confiance.
Vers une dédollarisation accélérée ?
La faiblesse du dollar encourage certains pays, notamment les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), à accélérer leur stratégie de réduction de dépendance à la devise américaine. Un projet que Trump combat vigoureusement, allant jusqu’à menacer ces pays de 100 % de droits de douane.
Malgré ces tensions, le dollar conserve un rôle central dans les réserves mondiales, représentant encore 60 % contre 20 % pour l’euro. Mais sa part a reculé de 10 points en dix ans, un signe d’érosion progressive de son hégémonie.
Les stablecoins, un nouvel outil de domination
Pour préserver l’influence du dollar, l’administration Trump mise désormais sur les stablecoins. En juillet, la promulgation du Genius Act a encadré l’usage de ces cryptomonnaies adossées au dollar. Les géants comme Tether ou Circle investissent les dépôts en bons du Trésor américain, renforçant ainsi la demande pour la dette américaine et consolidant la dollarisation mondiale.
La Banque centrale européenne a mis en garde contre ces actifs qui « remodèlent la finance mondiale » au bénéfice des États-Unis, leur offrant des conditions de financement plus favorables et un levier géopolitique supplémentaire.
Entre opportunité et paradoxe
Donald Trump souhaite à la fois un dollar faible pour stimuler l’économie et un dollar fort comme monnaie de réserve mondiale. Mais, comme le souligne Éric Dor, « on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ».
La stratégie de Trump, si elle favorise les exportateurs et renforce certains atouts financiers via les stablecoins, pèse déjà sur le pouvoir d’achat des consommateurs et accroît l’incertitude économique.
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