Les récents développements autour des actifs du groupe Air Liquide en Russie marquent une étape importante dans la réorganisation du secteur industriel international. Ces mesures, prises par les autorités russes à la fin du mois d’août 2025, bouleversent profondément le paysage des entreprises étrangères opérant dans le pays. Le dossier Air Liquide met ainsi en lumière la transition administrative et les mécanismes juridiques qui s’enclenchent lorsqu’un État décide de reprendre le contrôle sur des implantations stratégiques détenues par des groupes internationaux.
Retour sur la décision russe concernant les actifs d’Air Liquide
Le 29 août 2025 marque une date décisive pour la présence d’Air Liquide sur le territoire russe. Ce jour-là, la direction générale du groupe apprend que ses actifs en Russie sont désormais placés sous administration externe désignée par les autorités locales. Cela signifie concrètement que la gestion et le contrôle opérationnel des installations ne relèvent plus de la direction du groupe, mais passent sous la supervision de mandataires nommés par l’État russe.
Cette mesure n’est pas passée inaperçue. Plusieurs autres sociétés européennes avaient déjà été confrontées à ce type de situation, avec à chaque fois des conséquences immédiates sur leur gouvernance et leurs liens économiques locaux. Pour Air Liquide, cela s’est traduit par une perte directe de l’usage et de la gestion de ses filiales russes, ainsi que de l’ensemble du patrimoine industriel concerné.
Transfert et nouvelle gestion sous l’égide de M-Logistika
Quels éléments ont été transférés à l’opérateur local ?
D’après un décret signé par les plus hautes autorités russes, il a été décidé que les droits et parts détenus par Air Liquide au sein de différentes entités du pays sont désormais placés sous la gestion temporaire d’une entreprise russe appelée M-Logistika. Cette mutation implique non seulement une expropriation temporaire, mais aussi le transfert des leviers de direction de plusieurs infrastructures essentielles à la production de gaz industriels.
M-Logistika se retrouve investie du rôle de gestionnaire provisoire, veillant à la poursuite de l’activité tout en appliquant les directives fixées par l’appareil d’État russe. Les salariés comme les clients locaux de ces unités connaissent donc un changement d’interlocuteur pour toutes les questions liées à la production, à la distribution ou encore aux aspects contractuels des opérations.
Liste des principaux actifs concernés par la décision
- Unités de séparation des gaz de l’air installées près de principaux sites industriels russes
- Infrastructures logistiques dédiées au stockage et à la livraison de gaz médicaux et industriels
- Participation dans une dizaine de filiales russes assurant la distribution sur le réseau intérieur
L’impact opérationnel est palpable dans chacune de ces entités, qui poursuivent leurs activités sous un système de gouvernance entièrement renouvelé et encadré par les nouvelles directives nationales.
Implications juridiques et industrielles du passage sous administration externe
Le placement sous administration externe des filiales étrangères s’inscrit dans le cadre légal russe, mobilisé par décret présidentiel lors de circonstances dites exceptionnelles. Cette disposition a déjà servi dans divers dossiers liés à des tensions internationales, provoquant des réorganisations massives touchant notamment des firmes occidentales actives dans l’énergie et la chimie.
Pour Air Liquide, cette situation accroît la complexité de la gestion de ses actifs globaux. L’entreprise française avait déjà annoncé dès 2022 sa volonté de quitter le marché russe, anticipant les difficultés géopolitiques croissantes. Désormais, la question porte essentiellement sur la valorisation résiduelle de ses investissements et sur la possibilité, le cas échéant, d’obtenir une compensation via des canaux juridiques adaptés.
Chronologie récente et modalités de la saisie
Déroulement des faits depuis le retrait annoncé du groupe français
Dès le printemps 2022, Air Liquide annonce publiquement son intention de cesser progressivement ses opérations en Russie. À partir de là, un long processus administratif et politique s’engage, ponctué d’échanges entre le siège parisien, les autorités locales et les responsables opérationnels des filiales visées.
L’étape majeure intervient toutefois à la fin août 2025, quand le gouvernement russe officialise le placement des actifs d’Air Liquide sous administration tierce, écartant définitivement toute mainmise directe du groupe sur ses filiales locales.
Tableau synthétique : étapes-clés et gestion
Événement principal
Conséquence pour Air Liquide
Chaque étape est accompagnée de procédures strictes, encadrées par la législation locale, imposant aux sociétés internationales une adaptation rapide à la nouvelle donne réglementaire.
Impact sur les filiales et positionnement futur d’Air Liquide
La disparition de la gestion directe laisse place à de nombreuses incertitudes, tant sur le plan juridique qu’industriel. D’un point de vue comptable, la valeur des investissements d’Air Liquide en Russie doit être réévaluée. Par ailleurs, en matière de relations commerciales, il est nécessaire de redéfinir complètement les axes de croissance hors du champ russe.
Ces transformations impactent également à court terme la visibilité financière du groupe, qui ajuste sa stratégie internationale afin de maintenir la continuité de ses activités ailleurs dans le monde, malgré la perte d’une implantation industrielle majeure sur le continent eurasiatique.
Sources
- https://www.airliquide.com/fr/groupe/communiques-presse-actualites/29-08-2025/information-relative-aux-actifs-dair-liquide-en-russie
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/russie-poutine-transfere-les-actifs-d-air-liquide-a-une-entreprise-russe-20250829
- https://www.20minutes.fr/monde/russie/4170281-20250829-russie-poutine-transfere-actifs-groupe-francais-air-liquide-entreprise-russe
- https://investir.lesechos.fr/actu-des-valeurs/la-vie-des-actions/air-liquide-annonce-la-saisie-de-ses-actifs-en-russie-2183513