Elle fait son retour après 40 ans et fait trembler les autorités sanitaires américaines. C’est une mouche qui ne pique pas, qui ne mord pas… mais qui est redoutée pour sa capacité à dévorer les chairs vivantes, animales mais aussi humaines. Les États-Unis viennent d’injecter 750 millions de dollars pour l’éradiquer.
Dans les campagnes texanes, les éleveurs de bétail redoutent le retour de la Cochliomyia hominivorax. Cette mouche a été repérée au Mexique. Elle est capable de pondre des œufs dans les tissus vivants, notamment ceux des animaux.
Kip avait 8 ans lors de la dernière épidémie. Mais ses souvenirs sont intacts : « Nous avions des veaux qui, dès leur naissance, avaient le nombril ouvert. Les mouches y pondaient leurs œufs, les larves se développaient un peu partout et il fallait soigner toute la zone. C’était une véritable plaie ouverte », explique Kip Dove, éleveur texan.
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Une Lucilie Bouchère pond jusqu’à 300 œufs dans la plaie ouverte d’un animal. En se développant, les larves peuvent transmettre une série de maladies. Si l’insecte parvient à se reproduire en masse, c’est toute l’économie qui pourrait en pâtir. « Le cycle de développement de la mouche va durer en tout deux semaines. Sur deux semaines, vous pouvez avoir une grosse activité à plusieurs endroits du corps de l’animal, en fonction du nombre de plaies dont il dispose. Une infestation de mouches peut mettre à mort un bovin de près de 400 kg en deux ou trois semaines », développe François Verheggen, entomologue à la faculté de Gembloux agro-bio tech.
Créer des mouches stériles
Pour éviter une catastrophe économique, les États-Unis ont débloqué 750 millions de dollars avec un objectif : créer un vaste élevage de mouches stériles. « On produit en masse des mâles stériles qui vont se mettre à la recherche des femelles. Les femelles de cette mouche ne s’accouplent qu’une seule fois dans leur vie. Si elles rencontrent un mâle stérile, toutes leurs vies, elles seront incapables de pondre des œufs fertiles qui donneront des larves », poursuit l’entomologue.
Un premier cas de ponte sur un humain a été détecté au Guatemala, mais cela reste extrêmement rare. La Lucilie Bouchère n’a jamais été aperçue en Europe.