Dix enfants scolarisés dans le groupe scolaire privé Saint-Stanislas ont été victimes de violences sexuelles, révèlent le diocèse et la direction de l’enseignement catholique de Loire-Atlantique.

Le diocèse de Nantes et la direction de l’enseignement catholique de Loire-Atlantique ont dévoilé, vendredi 29 juin, une série de viols et d’agressions à caractère sexuel dont ils ont pris connaissance récemment et dont ont été victimes dix enfants, scolarisés entre 1958 et 1995 au sein du groupe scolaire Saint-Stanislas. Un appel à témoin a été diffusé afin de recueillir le témoignage d’autres victimes.

Les abus impliquent cinq prêtres ainsi qu’au moins un surveillant d’internat. Aucun des mis en cause ne se trouve encore en vie, le dernier d’entre eux étant mort en 2011. Les faits qui leur sont reprochés concernent des «sévices épouvantables», dont des viols, des attouchements et des agressions sexuelles commis en internat, ainsi qu’à l’occasion d’un camp de vacances. Les victimes étaient toutes mineures au moment des faits. Il s’agit d’une fille et de neuf garçons, scolarisés dans les classes de collège de l’établissement au cours des années 1958 à 1978, 1980 à 1981 et 1991 à 1995. Trois des dix victimes connues sont aujourd’hui décédées. La mort par suicide de l’une d’elles aurait donné lieu à un dépôt de plainte cette année, indiquent nos confrères de Presse Océan.


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«Une trahison inacceptable»

Des témoignages décisifs ont été communiqués à la cellule d’accueil et d’écoute des victimes d’abus sexuels du diocèse au printemps 2025, à l’initiative de deux victimes et de leurs familles. Tous les faits ont été signalés à la justice, au rectorat ainsi qu’aux forces de l’ordre. Le diocèse de Nantes et l’enseignement catholique de Loire-Atlantique invitent d’autres victimes potentielles à se faire connaître de la cellule d’écoute diocésaine. «Nous savons que d’autres enfants ont subi de telles violences», indique l’appel à témoignages diffusé vendredi après-midi par le diocèse.

«Nous sommes bouleversés par ces témoignages et profondément révoltés par les actes qui ont été relatés. Ces violences constituent une trahison inacceptable de la promesse éducative et des valeurs évangéliques que promeut notre projet éducatif», a déclaré en conférence de presse le directeur diocésain de l’Enseignement catholique, Frédéric Delemazure. «Des vies ont été brisées», a-t-il ajouté en exprimant son soutien aux victimes. «Nous allons continuer à ouvrir les archives de l’établissement Saint-Stanislas, de la direction diocésaine de l’enseignement catholique et du diocèse afin de continuer à croiser nos sources, à repérer les dysfonctionnements et aussi analyser les causes de tels abus», a également indiqué Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes, qui a exprimé sa «honte» devant les faits présentés.

D’après les responsables de la cellule d’écoute diocésaine, le nombre de signalements aurait considérablement augmenté cette année. «On a l’impression que l’affaire Bétharram  a poussé certaines victimes à agir et enfin témoigner», suggère Jean-Luc Pilet, responsable de la cellule. Des accusations de viols sont régulièrement taguées aux abords de Saint-Stanislas depuis la présentation, en 2021, du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France, entre 1950 et 2020. Une partie des inscriptions s’en prenait notamment à la personne de l’évêque de Nantes ainsi qu’à un ancien directeur de l’établissement, tous deux accusés d’étouffer les faits. La direction du groupe scolaire avait à l’époque déposé plainte pour dégradation, tandis que le diocèse de Nantes s’était déclaré être prêt à entendre quiconque aurait «des informations à faire connaître».