Ce lundi 1er septembre, 562 790 écoliers, collégiens et lycéens reprennent le chemin des quelque 3 282 établissements scolaires de l’académie de Bordeaux. À quelle sauce seront-ils cuisinés ?
Remonter l’ambition scolaire
La ministre a annoncé la couleur : le Bac 2026 sera plus exigeant, et ne repêchera pas à moins de 9,5 sur 20. Ces efforts pour remonter le niveau porteront dès le primaire, en particulier dans la région, qui « manque d’ambition scolaire », selon le recteur d’académie Jean-Marc Huart. Une tendance paradoxale au regard des caractéristiques du territoire : « La région est plutôt favorisée, moins concernée par les zones d’éducations prioritaires. » Mais si les élèves aquitains réussissent mieux les évaluations que la moyenne nationale, ils accusent « une petite contre-performance sur la lecture et l’écriture », appuie le recteur qui a donné pour consigne de « mettre le paquet sur l’écriture à tous les niveaux. Nous ne faisons pas assez écrire les élèves », conclut-il.
Ce manque culturel d’ambition scolaire se retrouve après le Bac, d’après le rectorat, qui note la distorsion entre le taux de réussite dans l’académie (96 %) et le taux d’accès à l’enseignement supérieur. « Notre académie est très déceptive. » Un seul exemple : « Il est inconcevable que le Lot-et-Garonne n’envoie que 56 % de ses élèves en voie générale et technologique. » Il s’agit aussi de miser sur le Plan Avenir conçu au niveau national, censé muscler l’orientation par la constitution d’un « plan pluriannuel d’orientation dans chaque établissement » en partenariat avec la Région Aquitaine, construit en fonction des spécificités économiques du territoire.
Santé mentale : il y a urgence
La santé mentale des élèves, c’est l’un des grands axes de la politique nationale. Cette « mobilisation générale » se traduit dans l’académie par le déploiement de cinq référents en santé mentale (un par département). Ils coordonneront les équipes d’infirmiers et psychologues scolaires tandis que chaque établissement devra respecter un protocole de signalement, après avoir reçu une formation en premiers secours en santé mentale. Les élèves repérés seront accompagnés vers une prise en charge rapide et adaptée dans un centre médico-psychologique. « Sauf qu’il manque des postes de psychologues scolaires », note Christophe Nowaczek, responsable départemental du syndicat Unsa Éducation dans les Landes, assurant que « la crise sanitaire du Covid a laissé des séquelles chez les élèves ». Réponse du rectorat : « L’académie compte 386 infirmières scolaires, 54 médecins, et 428 postes de psychologues, dont 42 restent en effet vacants mais de nombreux recrutements sont en cours. »
Si le rectorat annonce sa volonté de « protéger les enseignants contre toute forme de violence et de menaces » en assurant « la protection fonctionnelle systématique », les syndicats enseignants s’inquiètent de l’état de leurs troupes. L’Unsa Éducation pointe « un climat social dégradé, anxiogène ». Cédrine Sancier, secrétaire départementale pour la Gironde, souligne l’impact d’une « gestion de crise » et « la perte de sens qui découle de consignes inadaptées », tandis que son homologue landais évoque « la généralisation de la souffrance au travail, des cas de suicide, d’arrêts maladie longue durée, et des collègues confrontés à la violence dès la maternelle ». Même discours au syndicat de Fédération Syndicale Unitaire (FSU), où Kathy Souffron, responsable girondine, déplore « un épuisement professionnel, » et annonce le lancement d’une enquête sur les moyens et les conditions d’exercice dans les établissements de l’académie à la rentrée. Elle devrait être publiée au 10 septembre.
Déconnexion et IA
Après avoir expérimenté la pause numérique, en particulier dans cinq établissements l’an dernier, il a finalement été décidé de simplifier la procédure en revenant à la loi de 2018 : l’interdiction. Pas de modalité unique sur le territoire, chaque établissement fera respecter la loi à sa façon. Seul impératif : la déconnexion numérique devra être respectée le soir. En clair, les environnements numériques de travail (ENT) seront fermés entre 20 heures et 7 heures du matin, ainsi que le week-end, sauf urgence à communiquer.
Parallèlement à ce droit à la déconnexion, l’Éducation nationale compte bien se saisir de l’intelligence artificielle et de former ses personnels, via un outil sécurisé, notamment pour préparer les cours, générer des QCM, mais aussi pour accompagner les élèves dans un usage raisonné et éclairé de l’IA.
Quid des expérimentations ?
Les années précédentes ont été émaillées d’expérimentations. Parmi celles-ci, au lycée, la classe de préparation à la seconde dédiée aux élèves n’ayant pas validé leur Brevet. Bien que ces classes départementalisées n’aient pas obtenu un franc succès en termes d’effectif, il a été décidé au niveau national de prolonger l’expérience. L’intérêt et les résultats de ce dispositif seront analysés dans l’année. C’est aussi la réforme de la voie professionnelle qui devra être améliorée : l’an dernier, le calendrier des épreuves, trop précoce ayant entraîné un désengagement des élèves. À ce sujet, le responsable académique du syndicat Unsa Éducation, Franck Hiale, demande de toute urgence « l’instauration d’un comité de suivi de la réforme ».
Discriminations et armes blanches
Au chapitre des discriminations, dans le prolongement du plan « filles et maths », sont expérimentées dès cette rentrée les quatre premières classes aménagées en mathématiques et sciences (CHAMS) en quatrième, composées à 50 % de filles en partenariat avec des laboratoires scientifiques ou des entreprises de la région. Un début, avec l’espoir de garnir ensuite les bancs des écoles préparatoires scientifiques. Et tandis que se poursuit la lutte contre le harcèlement scolaire et se déploie le programme Evars d’éducation à la vie affective et sexuelle, s’intensifie la lutte contre les racismes, notamment l’antisémitisme et les LGTBphobies. Mais aussi contre la propagation des armes blanche. « Tout élève surpris en possession d’arme blanche sera envoyé en conseil de discipline immédiatement et un signalement au procureur sera fait », prévient le recteur.