À Marseille, un campement d’une quarantaine de jeunes migrants installé depuis début juillet sur la Canebière a été évacué vendredi par les forces de l’ordre. L’opération, menée sans incident selon la préfecture, suscite l’indignation de la mairie et des associations.

Ces jeunes, majoritairement mineurs selon leurs soutiens, s’étaient installés le 4 juillet dans un kiosque du centre-ville. Ils réclamaient une solution d’hébergement en attendant la fin de leurs recours pour faire reconnaître leur minorité, rejetée lors d’une première évaluation par les services départementaux.

La préfecture des Bouches-du-Rhône indique que sur les « 49 personnes installées illégalement », « 12 personnes vulnérables » ont reçu une proposition d’hébergement, neuf sont parties volontairement et 28 ont vu leur majorité confirmée.

Des associations dénoncent une mise en danger

Pour les associations mobilisées, la majorité de ces jeunes se retrouve sans aucune solution. Après la mise à l’abri de 12 d’entre eux dans un hôtel d’urgence, beaucoup restent « dans une situation de grande vulnérabilité ». Elles estiment qu’« expulser sans proposer d’alternative, c’est mettre des mineur·es non accompagné.es à la rue, en contradiction avec la Convention internationale des droits de l’enfant et le principe de présomption de minorité ».

Ces organisations rappellent que l’accueil et la protection de ces jeunes relèvent d’un impératif légal et humanitaire. Elles appellent à privilégier l’accompagnement plutôt que des opérations policières jugées brutales et inefficaces.

Une mairie en désaccord avec la préfecture

La mairie de Marseille a vivement réagi. Par la voix de son adjointe aux Affaires sociales, Audrey Garino, elle dénonce « une décision unilatérale de la préfecture » et condamne « le recours aux forces de l’ordre contre ces jeunes en demande d’hébergement ».

« Face à la défaillance volontaire du Département, la Ville et l’État ont toujours su jusqu’alors travailler de concert pour éviter les évacuations sans prise en charge et tenter de trouver des solutions d’hébergement », souligne l’élue. Et d’ajouter : « Malgré une baisse du nombre de mineurs non accompagnés arrivant à Marseille, nous déplorons que depuis plusieurs mois le recours à la force et l’absence de dialogue soient désormais privilégiés ».

Une polémique déjà relancée cet été

Mi-juillet, la présidente DVD du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, avait déclenché la polémique en déclarant « ne plus vouloir de « mineurs-majeurs » ». Elle affirmait alors qu’ils « sont là pour utiliser le système », des propos vivement critiqués par les associations de défense des droits des enfants et des migrants.

Cette nouvelle évacuation intervient donc dans un climat tendu autour de la question des mineurs non accompagnés, un sujet récurrent à Marseille où les tensions entre l’État, la mairie et le département persistent.

Avec AFP