Soso Maness est un rappeur tout terrain. Spécialiste des textes aiguisés qu’il rappe avec un flow tranchant derrière son micro, le Marseillais est aussi capable de jouer aux jeux vidéo en live avec ses fans sur les réseaux sociaux, que d’aller, ce qu’il a fait il y a quelques jours, jouer au football avec l’équipe de l’OM.
Sans doute inspiré par son passage à la Commanderie, c’est avec une énergie olympique que le rappeur s’est présenté face au public du théâtre antique, ce samedi 30 août. Pour son premier concert à Arles, Soso Maness a brillé par sa sincérité. « C’est tarpin beau ici », s’est-il exclamé en montant sur scène, sous le charme des ruines romaines. Il a chanté son histoire qu’il raconte en détail dans ses albums, à l’image de son passé dans le narcotrafic, dans les quartiers Nords de Marseille. Dans ses morceaux, il reconnaît notamment avoir « vendu la mort ». Le Marseillais a aussi fait sauter les Arlésiens comme lui seul sait le faire, sur ses titres offrant un savant mélange entre rap et électro.
Lacrim, une si rare présence saluée
Mais si Soso Maness jouait presque à domicile dans sa Provence natale, la majorité des spectateurs présents semblaient être venus en priorité applaudir Lacrim, premier artiste à entrer sur scène. « J’écoute Lacrim depuis tout petit avec ma mère, glisse Bastien, 18 ans, lunettes de soleil sur le nez. J’ai grandi avec lui, et c’est incroyable de pouvoir le voir pour la première fois en concert. »
Malgré ses 12 ans de carrière, les concerts de Lacrim ont toujours été rares, surtout dans le sud de la France, notamment à cause de ses démêlés judiciaires. « C’est une chance unique de voir Lacrim en concert, et je ne pouvais pas rater l’occasion, confirme Najam-Din, venu de Nîmes. Je me suis précipité dès que les billets ont été mis en vente. »
Soso Maness en concert au théatre antique d’Arles. / Photos Denis Thaust
Tous les fans rencontrés dans le théâtre antique s’accordaient pour le classer parmi les « plus grandes légendes du rap français ».
Nombre d’entre eux ont mis un t-shirt à l’effigie du Parisien pour l’occasion, du modèle qu’il vendait au sommet de sa carrière au début des années 2010.
À son entrée sur scène, Lacrim a provoqué un mouvement de foule, avec des centaines de spectateurs assis dans les gradins décidant de se ruer dans la fosse. Sa voix rauque et son rap agressif unique ont fait se casser la voix à ses aficionados pendant une heure, au son de certains de ses « classiques », à l’image de l’intemporel Je suis qu’un thug. Lacrim a même fait le bonheur de Fiona, une jeune Arlésienne en la faisant monter sur scène avec lui pour chanter le titre Sablier, qu’elle a rappé en intégralité sans faille ni stress, comme si elle avait toujours partagé la scène avec son idole.
Fiona, jeune fan arlésienne de Lacrim, a été invitée à monter sur scène par son artiste favori pour un moment qui restera gravé dans sa mémoire. / Photos Denis ThaustSoso Maness, la Provence lui va si bien
Après le concert de Lacrim, les Arlésiens présents au théâtre antique sont donc restés pour savourer la prestation de Soso Maness, conquis par le style tout en détente du Marseillais en concert. Un public d’habitués, dont une grande partie était déjà allée voir le rappeur en live sur d’autres scènes de Provence où il a ses habitudes. Le show a aussi été un moment de communion entre deux artistes rendant hommage à leurs origines algériennes, face à plusieurs de leurs fans brandissant le maillot du pays dans la fosse.
« J’aime tout chez Soso Maness, il a des sons pour faire la fête, de bons textes, une belle plume, c’est toujours agréable à écouter », s’exclame Hicham, torse nu et conquis quelques minutes après la fin d’un concert aux airs de dernière fête des vacances d’été, devant un public en majorité âgé de 15 à 25 ans, dans un très clairsemé théâtre antique.