STEFANO RELLANDINI / AFP
L’acteur britannique Jude Law assiste au tapis rouge pour le film « Le Mage du Kremlin » présenté en compétition au 82e Festival international du film de Venise, le 31 août 2025.
CULTURE – Transformation radicale du corps et de l’esprit. L’acteur britannique Jude Law raconte avoir scruté des images du président russe Vladimir Poutine jusqu’à l’« obsession » pour préparer son rôle dans Le mage du Kremlin. Ce film réalisé par Olivier Assayas ausculte les dynamiques de pouvoir à Moscou, présenté ce dimanche 31 août à la Mostra de Venise.
En 2024, un film sur l’ascension du président américain Donald Trump (The Apprentice) avait déjà créé l’événement lors de sa projection au festival de Cannes (France).
Cette fois-ci, c’est l’homme fort du Kremlin, aux affaires depuis 2000, qui est porté à l’écran. Pour ce rôle, l’acteur britannique, un des plus célèbres de sa génération, porte une perruque et s’est mis au judo.
« Je n’ai pas eu peur de répercussions »
« C’est dingue ce qu’on peut faire avec une bonne perruque », a-t-il ironisé en conférence de presse. Il a expliqué peu connaître au départ la vie et la personnalité de Vladimir Poutine et s’être appuyé sur les images et vidéos de lui en circulation. A un moment, « ça devient une sorte d’obsession, on cherche toujours plus de matériel récent ».
C’est la première fois qu’un acteur de cette envergure joue Vladimir Poutine. Pour Jude Law, accepter un tel rôle s’est fait sans crainte.
« Je n’ai pas eu peur de répercussions. Je me sentais en confiance entre les mains d’Olivier (Assayas, le réalisateur) et le scénario était une histoire qui allait être racontée de manière intelligente, avec nuance », a déclaré la star de 52 ans.
Mais Le mage du Kremlin n’est pas un film sur l’ascension de Vladimir Poutine. C’est un long-métrage sur « la transformation de la politique », selon Olivier Assayas, 70 ans, en particulier pour les gens de sa génération.
Adaptation d’un roman à succès
Adapté du roman à succès de Giuliano da Empoli, le film suit la carrière de Vadim Baranov (Paul Dano), conseiller de l’ombre de Vladimir Poutine largement inspiré de Vladislav Sourkov, son éminence grise.
De la dislocation de l’URSS au début des années 1990 jusqu’à l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie en 2014, le film chronique plus de deux décennies de vie politique russe, marquées par l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine – « le tsar », comme l’appelle Vadim Baranov.
Tournée en Lettonie, l’œuvre se veut une fiction éclairante sur les ressorts du pouvoir en Russie et l’état d’esprit de revanche sur l’Occident qui y règne.
Sortie en janvier en France
On y croise une galerie de personnages ayant marqué l’actualité ces dernières années, comme Evguéni Prigojine, l’ancien patron du groupe de mercenaires Wagner, ou l’oligarque Boris Berezovski, tous deux décédés.
Le film a été entièrement tourné en anglais. Une évidence pour le scénariste et écrivain français Emmanuel Carrère, fin connaisseur de la Russie, qui s’est senti autorisé à le faire grâce au succès de la série Chernobyl.
Produit par Gaumont, aux ambitions internationales affirmées, Le mage du Kremlin doit sortir en France en janvier 2026. Il n’a pas manqué de faire déjà réagir le Kremlin. « Poutine est l’un des dirigeants les plus expérimentés et les plus brillants de la planète. On peut difficilement surestimer son influence sur les affaires internationales. Il est donc bien naturel que divers pays du monde s’intéressent à lui », a jugé son porte-parole, Dmitri Peskov.