Encore et toujours de la pédagogie. C’est dans cet état d’esprit que François Bayrou a présenté son constat visant à économiser près de 44 milliards d’euros. Interrogé ce dimanche 31 août par BFMTV, CNews, Franceinfo et LCI, le Premier ministre a tenté de convaincre les Français de la nécessité de trouver des compromis, voyant que les possibilités s’amenuisent du côté des oppositions.
Ainsi, le chef du gouvernement a mis en garde face au destin qui guette la France. « Si le gouvernement tombe (…) ça veut dire qu’on changera de politique », a assuré François Bayrou. « On abandonnerait la politique pour moi vitale pour le pays » pour une « autre » politique « plus laxiste », « plus à la dérive », a-t-il ajouté.
À travers ses propos, le Premier ministre vise la gauche et notamment le Parti socialiste qui appelle Emmanuel Macron à nommer un locataire à Matignon issu de leurs rangs.
Le 8 septembre se joue « le destin de la France »
François Bayrou a estimé lors de son entretien accordé aux quatre chaînes d’information en continu, que la « question » en jeu lors du vote de confiance du 8 septembre n’était pas « le destin du Premier ministre » mais celle du « destin de la France ».
« S’il n’y a pas cet accord minimal, cette entente sur le diagnostic, alors la situation est présentée comme étant le pouvoir contre les Français, le haut contre le bas (…) Vous êtes obligés de battre en retraite sur chacune des mesures », a-t-il argumenté.
La suppression de deux jours fériés est une mesure « amendable »
Parmi toutes les propositions formulées dans le budget 2026, une mesure a été particulièrement commentée. François Bayrou souhaite la suppression de deux jours fériés pour les salariés, ce qui permettrait d’économiser, selon les projections, 4 milliards d’euros.
Déclenchant la colère des oppositions, le Premier ministre a réitéré que cette mesure est « tout à fait discutable ». « C’est amendable », a-t-il ajouté face aux journalistes. Mais jusqu’où ? « Cela pourrait être 1 (jour, ndlr), sans difficulté », a-t-il estimé.
Cependant, il a continué à défendre cette proposition. « Ce ne sont pas deux jours de travail en plus. C’est de la richesse pour le pays », a-t-il lancé.
« Réveiller les ainés »
Lancé dans un marathon médiatique depuis l’annonce du recours au vote de confiance, François Bayrou a été interrogé sur ses propos sur les boomers. Au JT de TF1, le Premier ministre avait indiqué : « Les premières victimes, ce sont les plus jeunes des Français. Ce sont eux qui devront payer la dette, a-t-il déclaré. On a réussi à leur faire croire qu’il fallait encore l’augmenter. Tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des ‘boomers’ qui, de ce point de vue-là, considèrent que, ma foi, tout va très bien ».
Trois jours plus tard, le Premier ministre est revenu sur ses propos. « Je n’ai jamais dit qu’il fallait cibler les boomers dont je suis (…) J’ai dit que cette génération-là devrait être avec moi pour faire baisser la dette des plus jeunes« , a-t-il justifié, en ajoutant qu’il souhaite « réveiller les ainés ».
Selon un sondage Ipsos-BVA pour RTL, en partenariat avec CESI Ecole d’ingénieurs, une majorité de Français estime que les efforts doivent venir en priorité des foyers les plus fortunés (57%) et des grandes entreprises (46%).
Le PS « propose de laisser repartir la dépense »
Cherchant le « trou de fourmi » – et non plus le « trou de souris » montrant à la réduction de ses chances pour se maintenir à Matignon – François Bayrou a indiqué à plusieurs reprises vouloir négocier. D’ailleurs, dès le lundi 1er septembre, le Premier ministre compte recevoir les forces politiques à Matignon.
Cependant, il s’est montré très critique envers le projet de « contre budget » fait par le Parti socialiste. « Le PS propose de laisser repartir la dépense », a-t-il fustigé. « Je suis persuadé qu’ils n’ont pas très bien réfléchi » ou qu’ils pensent dans « leur for intérieur que ce n’est pas possible », a-t-il poursuivi, tout en assurant « tendre la main à tout le monde ».
François Bayrou n’a pas seulement critiqué la position du Parti socialiste. Il a aussi visé la France insoumise et nommer Jean-Luc Mélenchon. « Il y a des forces politiques en France qui veulent le chaos », a-t-il dénoncé.
Le front républicain « n’aura pas lieu » en cas de législatives anticipées
Se dirige-t-on vers une dissolution si le gouvernement Bayrou n’obtient pas la confiance des députés ? « La dissolution, on l’a vécue, a répondu François Bayrou aux journalistes. On ne peut pas dire qu’elle ait été une clarification magnifique. Comme on n’a pas changé le mode de scrutin (…) vous avez beau dissoudre, vous allez retrouver les mêmes divisions, les mêmes difficultés », a-t-il indiqué.
Interrogé sur l’efficacité d’un front républicain en cas de législatives anticipées, le chef du gouvernement a prédit qu’il « n’aura pas lieu ». Pourquoi ? « Cette semaine, aux universités d’été de LFI, ce qui était chanté en chœur, c’était : ‘Tout le monde déteste le PS’. Olivier Faure (…) imagine un gouvernement sans LFI à l’intérieur. Dans les temps mauvais comme on est, la stabilité, c’est une chose essentielle. Je me bats pour ça », a répondu François Bayrou.
Selon un sondage Elabe pour BFTMV et La Tribune, le Rassemblement national arriverait en tête avec de 31% des intentions de vote (contre 33 % lors des législatives de 2024). La gauche obtiendrait pour 23,5 % (28% en juin 2024).
La rédaction vous recommande
Lire la suite