Plus de cinq ans après sa sortie officielle de l’Union européenne, le Royaume-Uni reste très présent sur la scène politique globale. Plusieurs raisons expliquent son rôle toujours important sur la scène internationale.

Le 18 août à Washington, plusieurs leaders européens s’affichaient en bloc devant Donald Trump et pour faire face à la Russie. Keir Starmer, le Premier ministre britannique, ne dépareillait pas au milieu des autres dirigeants venus parler de l’Ukraine. Après le choc du Brexit, comment le Royaume-Uni a-t-il reconquis ou maintenu sa place sur la scène internationale?

Ce qui fait la puissance du Royaume-Uni, c’est-à-dire le fait qu’il soit membre du Conseil permanent de l’ONU, le fait qu’il soit une puissance nucléaire, cela n’a pas changé avec le Brexit

Thibaud Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à Sorbonne nouvelle Université

Pour Thibaud Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à Sorbonne nouvelle Université, la présence du Royaume-Uni à la rencontre sur l’Ukraine n’est pas liée à sa position par rapport à l’Union européenne, puisque sur les questions de politique étrangère, de sécurité ou de défense, l’UE n’est pas spécialement compétente.

C’est le statut du Royaume-Uni comme Etat qui compte, relève l’expert dans l’émission Tout un monde: « Ce qui fait la puissance du Royaume-Uni, c’est-à-dire le fait qu’il soit membre du Conseil permanent de l’ONU, le fait qu’il soit une puissance nucléaire, n’a pas changé avec le Brexit. »

Le lien avec Washington

Durant la deuxième moitié du 20e siècle, on parlait de « relation spéciale » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Mais, selon Thibaud Harrois, les choses ont changé depuis les années 2000. Les présidents américains n’ont pas toujours tenu compte de la position de leurs homologues britanniques.

Pour le chercheur, l’un des exemples les plus forts de ces dernières années est le retrait américain d’Afghanistan, décidé sans consultation des Britanniques, alors que leurs troupes se trouvaient également engagées dans le conflit. Les dirigeants britanniques successifs ont maintenu leurs efforts pour cultiver « le lien historique », même s’ils n’ont plus la garantie d’avoir « l’oreille du président américain ».

Un terrain d’entente entre Londres et Bruxelles

En dehors des questions de sécurité internationale, cinq ans après le Brexit, les relations anglo-européennes ne semblent pas particulièrement atteintes. Selon Thibaud Harrois, les récentes évolutions, comme la signature du cadre de Windsor ou l’élection de Keir Starmer, ont changé le ton. Dans son programme, le Premier ministre travailliste avait parlé de « reset » dans les relations entretenues avec l’UE. De multiples accords ont depuis lors été signés entre Bruxelles et le Royaume-Uni.

Pour autant, il n’est pas question d’oublier le passé. L’Union européenne conserve une certaine méfiance vis-à-vis de Londres. La priorité actuelle est de faire respecter les accords déjà conclus, notamment celui sur le retrait signé en 2020, avant de faire revenir le Royaume-Uni dans des politiques communes.

Pas de retour dans l’UE sur la table

Malgré les récents efforts pour se rapprocher de l’Union européenne, un éventuel retour dans l’Union n’est pas du tout à l’ordre du jour. Keir Starmer a d’emblée exclu tout retour dans le marché unique.

On ne voit pas du tout comment un gouvernement risquerait quoi que ce soit au niveau de sa popularité sur une question européenne

Thibaud Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à Sorbonne nouvelle Université

Selon Thibaud Harrois, la libre circulation reste une question particulièrement délicate au Royaume-Uni: « On ne voit pas du tout comment un gouvernement risquerait quoi que ce soit au niveau de sa popularité sur une question européenne. » A ce jour, le Parti travailliste n’a aucune ambition de relancer la discussion, conclut le chercheur.

>> Revoir l’émission Géopolitis du 1er décembre 2024 sur les cinq ans du Brexit : Geopolitis Royaume-Uni, l’heure des choix / Geopolitis / 25 min. / le 1 décembre 2024

Sujet radio: Eric Guevara-Frey

Texte web: Christopher Steiger