Sur fond de baisse du nombre d’élèves, les syndicats d’enseignants de l’académie de Montpellier craignent une saignée des effectifs dans les années à venir, le tout sur fond de crise d’attractivité.

Le débat ets toujours brûlant en cette rentrée du 1er septembre 2025. Moins d’élèves, mais aussi moins de postes… Alors que la baisse démographique commence à infléchir les effectifs (-2200 dans le 1er degré, – 1051 dans le 2e dans l’académie de Montpellier), les syndicats d’enseignants se battent pour un maintien des effectifs d’enseignants qui permettrait de revenir à des moyennes d’élèves raisonnables dans les classes.

Plus de 20 % de contractuels dans les effectifs

« Nous perdons cette année dix postes dans le premier degré, 13 en collèges malgré les nouvelles missions, et aucune création en Lycée. Seuls les lycées pros bénéficient d’un effort conséquent », déplore la Biterroise Jessica Boyer, vice-présidente académique du Snalc. Elle souligne par ailleurs un recours toujours massif aux contractuels « qui représentent plus de 20 % des effectifs. »

180 000 élèves en moins en France à l’horizon 2027

Cette bataille des effectifs, qui rythme chaque rentrée, va s’installer durablement au cœur du futur des enseignants alors que les projections font état de 150 000 à 180 000 élèves de moins par an à l’échelon national entre 2026 et 2028. Sur fond de rigueur budgétaire, la tentation naturelle de l’État devrait être d’en profiter pour diminuer sensiblement le nombre d’enseignants.

À contrecourant d’une note de l’institut des politiques publiques. L’organisme chiffre à 53 000 postes d’enseignants et 3,4 milliards d’€ l’économie potentielle sur dix ans. Mais à effectif d’enseignants constants pour faire progresser les élèves dans des classes moins surchargées, il estime que l’Etat gagnerait à terme 6,6 milliards d’euros, dont 2,3 de revenus fiscaux.

Jusqu’à 38 élèves par classe en lycée

« Les moyennes d’élèves restent hautes, confirme Jessica Boyer. On a pu stabiliser à 24 par classe dans le premier degré mais en Europe ça tourne autour de 19. Et dans les Lycées, on est à une moyenne de 35. »

« Certains grands lycées montpelliérains vont jusqu’à 37 par classe et certains collèges à 30 », confirme Stéphane Audebeau. Le co-secrétaire académique du Snes Fsu dénonce « une rentrée marquée par un renforcement de l’austérité depuis le discours du Premier ministre du 15 juillet, avec un impact considérable et inacceptable sur la casse des services publics. Tous les élèves n’auront pas un professeur en face d’eux lundi. »

25 % de postes non pourvus en maths et physique

Le professeur d’économie sétois pointe « une crise d’attractivité majeure sur fond de déclassement salarial que la rectrice ne veut pas reconnaître alors que les concours ne font pas le plein : en maths et physique, 25 % des postes n’ont pas été pourvus, en S2I ingénierie informatique, sur 33 postes au concours, 23 n’ont pas été pourvus à l’heure où l’éducation se fait fort de se lancer dans l’IA. »

Les professeurs des écoles également touchés par la crise de vocation

« Il y a eu des efforts faits pour les débuts de carrière en termes de salaires, reconnaît Jessica Boyer, mais certains collègues avec 20 ans de métier touchent quasiment autant d’un collègue qui démarre. La France reste l’un des trois pays d’Europe qui paye le moins ses enseignants. C’est notre combat principal. Le problème attractivité ne va pas s’arranger avec les annonces faites : gel du point d’indice, report de la prise en charge d’une partie de notre mutuelle, application retardée du décret pour améliorer la grille des salaires (préciser), baisse de 30 % du supplément familial de traitement des fonctionnaires, qui vont perdre des centaines d’euros pour certains… »

« Même le poste de professeur des écoles est touché par cette crise de recrutement, conclut Stéphane Audebeau. Dans le premier degré tous les postes n’ont pas été recrutés au concours. Il manque 900 postes au niveau national. Alors que c’était toujours un métier qui attirait. »