« Nous sommes déterminés à nous battre juridiquement contre ce projet. » Ce mouvement est lancé par le collectif Montaleigne. Trois ensembles résidentiels d’environ 80 habitants sur les hauteurs de Saint-Laurent-du-Var vont voir l’implantation d’une antenne-relais Free (1) de 16m de haut.

« Ce sera une immense balafre dans le cadre que nous avons choisi d’avoir, insiste Élodie Barelli, membre du collectif Montaleigne. Nous sommes entourés d’oliviers, de mimosas, de cyprès, de pins et de figuiers, ce sont de petits arbres. Dans ce cadre enchanteur où on a une vue du cap d’Antibes au cap de Nice, on entend les étourneaux, les perruches à bec vert, les moineaux, les merles, les martinets et les hirondelles. (…) L’antenne-relais va surplomber nos maisons puisqu’elle aura la hauteur d’un immeuble de 5 à 6 étages. Et il y aura du bruit à cause de l’installation électrique et du groupe de refroidissement qui tournera en continu. »

« La chambre de mon fils de 5 ans est à 28m du projet »

Les habitants, furieux, ont découvert le projet par hasard le 23 janvier 2025, date à laquelle le permis a été affiché. Un projet situé sur un terrain privé, chemin du Collet-Rouge. « Ma maison, où plus exactement la chambre de mon fils de 5 ans, est à 28m du projet », clame Élodie Barelli. « Ma maison est à 70m de la future antenne », ajoute Serge Ferrara, également membre du collectif Montaleigne.

De concert, les habitants considèrent que « cette proximité crée des préjudices. On a un préjudice d’anxiété, car on ne connaît pas les risques qu’on encoure, l’impact sur notre santé, sur le développement de nos enfants. On aura un préjudice de vue, une vue que l’on a payée au prix fort. On aura également un préjudice de perte de valeur. Nos biens perdront entre de 20 à 30% sur le marché. »

« Car ce qu’on n’arrive pas à comprendre c’est pourquoi n’y a-t-il pas de mutualisation d’antenne avec d’autres opérateurs? Bouygues a déjà construit, sans qu’on ait fait attention au permis, une antenne à 100m de là et SFR a disposé des relais sur la réserve d’eau à 150m », soulignent les membres du collectif.

« Ces sites ne permettaient pas de répondre complètement à notre cahier de charges pour couvrir la zone que nous cherchions à couvrir. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas pu envisager une mutualisation », invoque Free.

« La Ville a décidé de se pourvoir en cassation »

Début février, les habitants ont donc monté un collectif. Et fait un recours gracieux auprès de la mairie de Saint-Laurent-du-Var. La Ville rappelle « avoir décidé, par arrêté du 3 avril, de retirer ce permis de construire, au regard des insuffisances et inexactitudes du dossier, en particulier sur les éléments d’insertion paysagère, la précision des accès et l’intégration du projet dans l’environnement immédiat. »

La société Free a contesté ce retrait devant le tribunal administratif de Nice. Le 27 juin une ordonnance a suspendu l’exécution de l’arrêté de retrait.

« La Ville a immédiatement décidé de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État contre cette ordonnance, afin de défendre la légalité de sa décision et faire valoir les manquements du pétitionnaire dans la constitution de son dossier », affirme la mairie de Saint-Laurent-du-Var. Un jugement qui pourrait intervenir au printemps 2026.

En parallèle, d’autres recours ont été lancés. « Cette ordonnance de suspension du retrait du permis a fait renaître le permis, indique Pierre Karbowiak, avocat de membres du collectif. J’ai donc fait une requête en annulation du permis de construire. Elle a été introduite le 4 août auprès du tribunal administratif de Nice. C’est une instruction qui peut prendre deux ans et demi. Par ailleurs, une fois que le pylône sera construit, nous allons assigner Free en démolition pour trouble anormal de voisinage, une procédure qui sera menée devant le tribunal judiciaire. »

1. Xavier Niel, patron de Free, est également propriétaire du groupe Nice-Matin via sa holding NJJ.