Marseille et Rouen passent à la gratuité des transports pour moins de 11 ans (Marseille) et les moins de 18 ans (Rouen). Un modèle déjà expérimenté dans plusieurs villes en France, dont Montpellier, qui fait office de précurseur dans le domaine avec ses réussites et ses échecs.
La rentrée des classes va coûter moins cher aux parents rouennais et marseillais. Dès ce lundi 1er septembre, les transports en commun deviennent gratuits pour tous les moins de 18 ans à Rouen et pour les moins de 11 ans à Marseille. L’agglomération phocéenne étend même cette gratuité aux plus de 65 ans.
« Ça prend bien » à Marseille
Dès ce lundi matin, 740.000 habitants de la métropole Aix-Marseille Provence n’auront ainsi plus à débourser 1,70€ pour chaque voyage en bus, métro ou tram. Une économie bienvenue pour les usagers. Cette nouvelle gratuité concerne 40% de la population de la métropole. Des jeunes et des seniors qui se pressent de remplir leur dossier en ligne comme l’explique Catherine Pila, l’une des vice-présidentes de la métropole, également en charge de la régie des transports.
“Ça prend bien puisqu’on a déjà 60.000 personnes qui ont, dès les premiers jours de l’annonce, activé leur droit de gratuité et ça augmente tous les jours. On travaille à savoir comment étendre ça dans les mois et les années futures”, souligne-t-il.
Alors si ça marche si bien, pourquoi avoir choisi de cibler seulement les moins de 11 ans et les plus de 65 ans ? D’abord, parce que ça coûte cher. Avant ce lundi matin, les ventes de tickets représentaient 17% des recettes du budget transports de la métropole. Ces revenus vont donc baisser, et si la gratuité s’appliquait aux 1,8 millions habitants, selon le site Marsactu, ça représenterait un manque à gagner de « plus de 210 millions d’euros par an ».
Comment s’en sortent Montpellier, Dunkerque…?
À Rouen, la perte de recettes est estimée à plus de quatre millions d’euros par an pour transporter gratuitement les 80.000 mineurs de la métropole. Pourtant, il y a bien des villes qui ont sauté le pas, et où les transports sont gratuits pour tous. C’est le cas à Dunkerque, Niort, Compiègne. Et la plus grande métropole européenne à avoir mis en place cette gratuité pour tous c’est Montpellier avec 500.000 usagers circulant sans payer depuis presque deux ans.
La métropole de l’Hérault explique maîtriser les coûts grâce au versement mobilité des entreprises, en hausse de 21% car la gratuité pour tous, c’est le bébé de Michael Delafosse, maire de gauche et président de la métropole. Il revendique une mesure écologique avec des résultats tangibles.
“A Montpellier, il y avait 3.800 personnes en 2021 qui étaient exposées à des seuils de pollution qui étaient considérés comme dangereux. Nous sommes tombés à 600 et il nous faut continuer ce mouvement”, appuie-t-il.
Le choix de la rédac : La gratuité des transports, est-ce que ça marche ? – 01/09Gratuité rime-t-il avec incivilité?
Avec des transports gratuits, les Montpelliérains rencontrés l’ont confirmé, ils sont nombreux à avoir rangé leur voiture au garage. Sur la première année, cela a provoqué une hausse de 27% de la fréquentation des bus et trams et parfois, ça coince. “Je trouve que le réseau s’est un peu dégradé. Il nous faudrait un peu plus de tramway”, estime une habitante. “C’est vrai qu’aux heures de pointe il y a beaucoup de monde”, estime une autre.
Insécurité, surfréquentation. Des doléances d’usagers auxquelles monsieur le maire répond: “Progressivement, nous augmentons l’offre de transport. C’est-à-dire qu’on a mis plus de bus, on va mettre en service une nouvelle ligne de tramway qui va permettre de soulager notre ligne 1. Nous achetons des rames supplémentaires et nous avons fait un effort sur la sécurité puisqu’on a créé à Montpellier une police métropolitaine des transports de 42 agents”, souligne-t-il.
« Lorsque c’est gratuit, les gens se croient tout permis »
Et si la sécurité est un vrai sujet, c’est parce que selon Laurent Murcia, délégué Force Ouvrière au sein de la société des transports de Montpellier Méditerranée métropole, la gratuité fait augmenter le nombre d’incivilités.
“Lorsque c’est gratuit, les gens se croient tout permis. On a réussi à maintenir un nombre conséquent de contrôleurs qui sécurisent au quotidien le réseau, les salariés, les usagers. Mais là, on demande encore qu’on augmente ce volume pour mieux sécuriser”, insiste-t-il.
C’est une des raisons pour laquelle le syndicaliste est contre la gratuité pour tous. Mais il n’existe aucune donnée chiffrée permettant de mettre en relation le tarif des transports et le nombre d’incivilités ou d’agressions.
Rachel Saadoddine avec Guillaume Descours