Des consoles de jeux, des chichas, des appareils à raclettes, des téléphones, de la drogue et même… des armes. Au sein de la prison pour hommes de Rennes-Vezin, les détenus parviennent à faire rentrer tout type d’objets depuis l’extérieur. Et ce, de plus en plus facilement.

Presque chaque jour, des dizaines de colis expédiés par des complices volent par-dessus les murs et atterrissent au pied des bâtiments. Ils sont ensuite directement récupérés par les détenus en cellule à l’aide de petits grappins. « Avant, c’était seulement la nuit, maintenant, ils n’hésitent même plus à le faire en plein jour », confie Florian Adam, délégué syndical FO Justice. « Ça n’arrête pas, c’est du jamais vu. On arrive à en intercepter une partie, mais c’est une tache immense. On ne sait plus où donner de la tête ».

Perche catapulte

Il faut dire que la technique est bien rodée. Pour réussir à tirer par-delà les murs d’enceinte, les délinquants utilisent désormais des perches catapultes. Un outil destiné aux élagueurs professionnels qui permet de lancer avec précision des petits sacs jusqu‘à 35 mètres de haut.

« Certains lanceurs sont particulièrement précis car ils arrivent à viser exactement au pied du mur des cellules », poursuit Florian Adam. « Ils profitent d’un espace où il n’y a pas de filets de protection entre les deux maisons d’arrêts ».

Pour tenter de contrer ce phénomène, des interpellations ont parfois lieu à l’extérieur de la prison. « C’est encore trop rare », regrette le syndicaliste. Des fouilles en cellule sont aussi régulièrement organisées pour essayer de mettre la main sur les objets récupérés par les détenus.

On y a récupéré une lame de 20 centimètres

Un nouveau cap semble toutefois avoir été franchi récemment. D’après FO, une pluie de projections de colis s’est abattue sur le toit du quartier d’isolement jeudi 21 août. « C’est là que sont enfermés les détenus les plus dangereux. On a récupéré une lame de 20 centimètres, c’est délirant. S’ils peuvent se procurer des armes par ce biais, c’est un vrai danger pour le personnel. Il faut réagir avant que quelque chose de grave se produise ».

La direction cherche des solutions

Contactée par Le Télégramme, la direction interrégionale des services pénitentiaires Grand-Ouest confirme que le phénomène des projections est bien identifié. « Cela concerne la plupart des établissements pénitentiaires notamment ceux situés dans les centres urbains ou péri urbains. L’entrée de produits interdits (dangereux ou non) est une brèche sécuritaire (pour les personnels comme pour les personnes détenues, les partenaires et les intervenants extérieurs), car elle nourrit aussi les trafics en détention ».

L’administration pénitentiaire indique s’adapter à ces nouvelles menaces sécuritaires en agissant sur des leviers multiples et complémentaires. « La lutte contre les projections nécessite une approche globale intégrant prévention et sanctions (pour les personnes détenues, comme pour les auteurs de ces projections extérieures), sécurité passive (avec l’acquisition de matériels de sécurité), mais aussi dynamique (fouilles de cellules, création d’une équipe locale de sécurité pénitentiaire au centre pénitentiaire de Rennes Vezin-le-Coquet).

Elle rappelle également l’important de la collaboration avec les forces de sécurité intérieures « qui interviennent régulièrement aux abords de l’établissement pour procéder, sous le contrôle du procureur de la République à des interpellations des auteurs de ces projections extérieures ». Pas suffisant pour le syndicat FO Justice qui demande des mesures concrètes. « Et rapidement, avant que des vies soient brisées ».