Complice. On peut être désigné coupable, mais Nicolas Mathieu a, lui, été désigné « complice ».
Deux fois déjà, le CCAM s’était offert par le passé l’aide d’artistes. Cette fois, c’est vers un écrivain qu’Olivier Perry, le directeur, s’est tourné pour composer son programme de saison. « Et c’est plutôt intéressant qu’il ne soit pas issu du spectacle vivant. Il nous pousse à explorer des champs auxquels on n’aurait pas forcément pensé. »
Non qu’il ait besoin particulièrement d’occuper ses travées. « En fait, le centre va plutôt bien, dans un secteur qu’on sait pourtant compliqué, se réjouit Olivier Perry. Et le public s’est montré très présent ces deux dernières années. » Tendance qui semble vouloir se confirmer.
Ovnis or not ovnis ?
« Mais si, à mon arrivée, l’enjeu était d’abord de rassembler des gens dans la salle. Aujourd’hui, on veut aussi aller à la recherche des gens en dehors. » Une intention qui se matérialise d’emblée avec Inertie , le spectacle acro-poétique, offert du 11 au 14 septembre non dans les murs du théâtre, mais sur les parterres du parc Pouille.
Quant à la suite, elle tient en une dizaine de propositions sur le seul dernier trimestre 2025. Avec notamment un temps fort, autrement appelé « Passeport », constitué autour des idées soufflées par Nicolas Mathieu.
On y repère La Place , d’Annie Ernaux, mis en scène par Hugo Roux (les 18 et 19 novembre) ; L’usine secrète , documentaire d’Emmanuel Graff qui nous épargne le regard misérabiliste sur le monde sidérurgique lorrain (20 novembre) ; enfin, dans Au Travail , l’écrivain lui-même se livre à une lecture dessinée… avec la complicité (encore !) du bédéiste Pierre-Henry Gomont (21 novembre).
Nicolas Mathieu a aussi soufflé le nom d’Alexa Brunet, pour l’expo « Sommes-nous seuls (dans l’univers) ? », qui s’intéresse aux individus persuadés d’avoir vu des OVNIS. « En alternance avec des images liées au monde scientifique et astronomique. Sa façon d’interroger notre rapport à l’hypothèse d’une vie extraterrestre. » (du 17 septembre au 5 décembre).
Faites-le vous-mêmes !
À cette même Alexa Brunet, le CCAM a emprunté son image de saison 2025-2026, où trône un cheval de bois orphelin de son manège dans un décor délabré. Après les grandes espérances, l’heure est-elle venue du désenchantement ?
Au moins, on a sauvé l’humour, plus que jamais présent cette année au CCAM. Léo Cohen-Paperman poursuit sa série de portraits-spectacles des présidents de la V e République dans SarkHollande – comédie identitaire (7 et 8 octobre).
Handle With Care , spectacle des Flamands de l’Ontroerend Goed, lui, tient dans un carton. Littéralement. En mode « Faites-le vous-mêmes ». « Avec l’équipe, on l’a testé, et c’était complètement délirant. » Une scène de théâtre est bien le lieu, en effet, où l’on peut, encore, se permettre de délirer.
Côté musique
Dans les prochaines semaines, plusieurs rendez-vous rythmés méritent également le détour au CCAM. Dont la reprise du mythique concert de Cologne de Keith Jarrett en 1975 par le virtuose Melaine Dalibert (en photo), le 16 octobre.
Walid Ben Selim, le 6 novembre, mêlera le souffle de sa voix à la harpe de Marie-Marguerite Cano, pour une expérience d’une rare intensité aux confins du soufisme et de la poésie (l6 novembre).
Quant à Yves Mwamba, il partage la scène avec sa propre mère, pour permettre au hip-hop de dialoguer avec le Mutuashi, danse traditionnelle congolaise (4 novembre).