Des scanners à ondes électromagnétiques ont été installés à l’entrée du lycée Docteur Charles Mérieux, à Lyon, ce lundi 1er septembre, pour détecter les objets dangereux. Il s’agit d’une expérimentation menée par la région.

En ce jour de rentrée scolaire, les élèves du lycée Docteur Charles Mérieux à Lyon sont mitigés. L’accès à leur établissement est conditionné ce lundi 1er septembre par le passage de leur sac dans un scanner afin de détecter tout objet dangereux. Une expérimentation menée pour la première fois en France par la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Les élèves déposent leur sac à dos dans un tapis roulant, qui est ensuite scanné par ondes électromagnétiques et analysé par intelligence artificielle. À la sortie, l’ordinateur repère automatiquement les objets dangereux, notamment les armes blanches.

Des agents de sécurité, spécialement engagés pour l’occasion par la région, demandent alors aux élèves de montrer ces objets, car ils n’ont pas l’autorisation légale de les fouiller.

« Ils ont découvert une lame dans mon sac, ça doit être mes ciseaux », explique une élève, avant de sortir sa trousse devant l’agent de sécurité. « Ça va être ça tout le temps, (…) ça n’a pas d’intérêt ».

« Au moins on est protégés »

Un avis partagé par d’autres: « ça n’a absolument aucun intérêt, on est des centaines d’élèves, je pense que c’est de la communication simplement, c’est une perte de temps et d’argent ».

« On doit venir plus tôt pour éviter d’arriver en retard en cours donc c’est galère pour les élèves », avance une autre adolescente. La région assure de son côté que ces scanners peuvent analyser plus de 3.000 élèves par heure.

D’autres lycéens disent à l’inverse se sentir protégés par ces portiques. « C’est pour une meilleure sécurité, donc c’est bien, au moins on est protégés, il n’y aura pas de problème dans le lycée », estime un élève. « Ca dissuaderait tout tentative », abonde son camarade.

C’est justement pour renforcer la sécurité au sein des établissements scolaires que la région a déployé ces scanners. « On va expérimenter et voir ce qui est performant pour avoir un climat apaisé et serein dans notre lycée et tous les lycées de France », explique Jean-Noël Roget, proviseur de l’établissement.

Des investissements conséquents à venir?

« Les questions de sécurité sont essentielles, nous ne pouvons pas continuer de prendre les risques que nous avons connus ces dernières années », avance Fabrice Pannecoucke, président (LR) de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. « Ne pas assurer la sécurité dans les établissements scolaires, c’est une faute ».

La région a déjà investi plus de 100 millions d’euros dans l’installation de portiques à tourniquets devant les lycées depuis 2016. Elle souhaite aller plus loin avec l’installation de ces scanners à ondes électromagnétiques autorisés par la loi. La collectivité souhaiterait, à terme, généraliser l’installation de scanners à ondes millimétriques, ce qui nécessiterait de faire évoluer la législation.

Le coût de cet éventuel dispositif pose aussi question. Selon Fabrice Pannecoucke, il faudrait investir plusieurs centaines de milliers d’euros par établissement. Un prix qu’il se dit prêt à mettre pour la sécurité des enfants. 

Une « dérive sécuritaire »

Ces dispositifs sécuritaires ne font pas l’unanimité. Pascale Bonniel-Chalier, conseillère régionale écologiste dénonce une « surenchère sécuritaire ». « C’est un signe presque de méfiance vis-à-vis de la jeunesse, (…) on s’oppose à cette surenchère qui ne règle rien, (…) elle ne règle pas le mal être des enseignants ou des élèves, ça n’est pas la solution ».

Même son de cloche du côté du SNES-FSU Rhône qui parle d’une « dérive sécuritaire ». « La sécurité peut être renforcée et adaptée mais elle doit toujours être mise en oeuvre dans une perspective éducative », écrit le syndicat de professeurs dans un communiqué.

« Le SNES-FSU est convaincu que des moyens humains renforcés avec des équipes pluri professionnelles formées seront plus efficaces que les technologies clinquantes et non moins coûteuses exhibées par la Région », abonde-t-il.

L’expérimentation des scanners n’a lieu qu’en ce lundi de rentrée. Les dispositifs doivent être démontés dans la journée.

Romain Ethuin avec Emilie Roussey