Quelle meilleure façon de brandir l’épouvantail sécuritaire pour étouffer tout débat ? « L’administration Trump réaffirme son engagement à ne pas récompenser le terrorisme » : au nom de ce principe, Washington refuse les visas de plus de 80 responsables palestiniens, dont le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Publié le 29 septembre, ce communiqué de la Maison-Blanche illustre l’isolement états-unien, à contre-courant d’un mouvement international favorable à la reconnaissance de la Palestine, déjà actée par 147 pays. Après la décision de la France, en juillet, d’aller en ce sens – une première pour un pays du G7 –, une dizaine d’États ont appelé à suivre, certains avec des conditions.
Les États-Unis entravent la délégation palestinienne à l’ONU
Membre observateur de l’ONU, la Palestine se heurte à l’hostilité états-unienne. Washington bloque sa délégation pour freiner la marche vers sa reconnaissance.
Attaché à défendre son allié israélien, le secrétaire d’État, Marco Rubio, accuse l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Autorité palestinienne (AP) de « non-respect de leurs engagements », « d’atteinte aux perspectives de paix » et de ne pas suffisamment lutter contre le terrorisme, en lien avec la tragédie du 7 octobre 2023.
Celui qui défend les actions militaires israéliennes dans les territoires palestiniens, condamnées dans le monde entier, conditionne la délivrance des visas à l’abandon de la reconnaissance « unilatérale » d’un État palestinien et au retrait des recours devant la Cour pénale internationale (CPI), laquelle a émis en novembre 2024 un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.
« La décision de l’administration Trump vise à nier la possibilité de création d’un État palestinien et à écraser toute manifestation de nationalisme palestinien », analyse Nader Hashemi, chercheur à l’université de Georgetown, à Washington, auprès de L’Orient-Le jour.
Israël soutient les restrictions américaines
Saluée par le gouvernement israélien, la mesure contrevient à l’accord de siège de 1947, qui impose au pays hôte de garantir l’accès de tous les représentants et observateurs, sauf menace directe et grave pour sa sécurité. Washington réplique que l’interdiction ne concerne pas la mission palestinienne auprès de l’ONU, mais les fonctionnaires de l’OLP – reconnu depuis 1974 comme le représentant officiel du peuple palestinien – et de l’AP.
Les restrictions états-uniennes violent le droit international, comme l’ont rappelé l’Union européenne, par la voix de la cheffe de sa diplomatie, Kaja Kallas, et les Nations unies. Un précédent existe : en 1988, l’administration Reagan avait refusé un visa à Yasser Arafat, une manœuvre vivement contestée, y compris par l’Assemblée générale qui, en opposition avec la volonté minoritaire états-unienne, avait majoritairement décidé d’organiser sa session hors siège, à Genève, permettant ainsi au leader palestinien de participer à la réunion.
Le Parti communiste français réclame la même initiative s’agissant de Mahmoud Abbas, alors qu’une intervention virtuelle est aussi envisagée. Reste à voir si, cette fois encore, les pressions internationales tenteront de reproduire le scénario de 1988, au risque de fragiliser une fois de plus la représentation palestinienne.
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