«C’est une victoire», se réjouissent les organisations syndicales de Radio France dans un communiqué commun ce 1er septembre. Une semaine après le début d’une grève inédite de rentrée, l’intersyndicale de la radio publique arrête sa mobilisation, ayant obtenu des engagements de leur direction sur plusieurs de ses revendications. Les syndicats contestaient un projet de réorganisation, notamment une réforme visant les métiers de technicien et de réalisateur, ainsi que la stratégie éditoriale du réseau Ici (ex-France Bleu), dont la playlist musicale et plusieurs chroniques seront désormais produites à Paris. Etaient aussi concernés l’avenir des anciens salariés de la station Mouv’et la réduction de la place de l’investigation sur les antennes. Ce projet stratégique de la PDG, Sibyle Veil, avait été annoncé au printemps pour faire face aux restrictions budgétaires décidées par le gouvernement en début d’année, de l’ordre de 23,9 millions d’euros.
Après des réunions initiales avec la direction jugées insatisfaisantes par les grévistes, les négociations auraient véritablement commencé mercredi, estiment les syndicats. Deux mesures en particulier étaient au cœur des discussions ces derniers jours : la réforme des modes de production, avec la création d’un statut de technicien chargé de réalisation (TCR) fusionnant le traditionnel binôme technicien-réalisateur et la grille d’Ici. Sur le premier point, les syndicats ont obtenu que le statut ne concerne que cinq postes (contre huit initialement) et qu’il fasse l’objet d’un bilan avant le printemps 2026, tout comme l’animation en autonomie (sans technicien donc) sur Fip. La direction de Radio France a aussi abandonné l’idée de ne plus envoyer de binôme technicien-réalisateur (mais seulement un technicien), sur la captation de concerts en extérieur. Les syndicats pointaient une perte de sens du métier de réalisateur.
Concernant les antennes d’Ici, les plus mobilisées sur cette grève, elles devraient récupérer un peu plus d’autonomie sur leur programmation, «locale par locale» annoncent les syndicats. A l’origine, une structure de grille unique devait être appliquée à toutes les antennes du réseau. «Un programme musical identique à toutes les stations, préparé depuis Paris, calé sur une horloge pour partir partout à la même heure, dans lequel les animateurs des stations devaient s’incruster sans beaucoup de marge», synthétise Renaud Dalmar, élu CFDT. A l’issue des négociations, ce sont finalement plusieurs structures type qui seront proposées par la direction d’Ici, chaque antenne choisissant ensuite laquelle correspond le plus à son identité. Des évolutions qui seront discutées à l’automne, station par station.
Concernant les autres éléments soulevés par les syndicats, la direction de Radio France a indiqué que les instances du personnel seront tenues informées du reclassement des salariés de Mouv’et de l’avenir de l’antenne, tout comme du fonctionnement de la cellule investigation et de sa capacité à travailler sur des enquêtes longue durée. Plutôt satisfaite de l’issue des négociations, Sibyle Veil a envoyé un message à l’ensemble des salariés pour saluer «le dialogue constructif qui nous a permis de sortir de cette situation. Les organisations syndicales ont exprimé des inquiétudes sur certains projets d’évolution internes. Nous les avons entendues et comprises. Nous avons proposé de procéder à plusieurs adaptations pour prendre en compte les préoccupations tout en continuant de faire avancer des évolutions qui nous semblent stratégiques pour notre avenir.»
Et de revenir sur plusieurs rendez-vous critiques initialement fixés à l’automne pour Radio France : les négociations sur le budget 2026 avec d’éventuelles économies supplémentaires pour l’entreprise publique, ainsi que la réforme de l’audiovisuel public portée par Rachida Dati, dont le retour à l’Assemblée nationale était prévu pour octobre. Deux perspectives qui, comme le souligne Sibyle Veil dans son message aux salariés, devraient néanmoins être affectées par le vote de confiance sollicité par le Premier ministre, François Bayrou le 8 septembre.