Des murs de cellule « partout couverts de graffiti, dont la couleur et la texture évoquent parfois de la matière fécale ou du sang ». De « nombreuses cellules sont infestées de fourmis », avec parfois des toilettes inutilisables. Des matelas « en mauvais état, certains se réduisant à un unique morceau de mousse ». Dans un rapport « extrêmement alarmant » publié vendredi, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) dénonce des conditions matérielles qui « portent atteinte à la dignité des adolescents » au sein de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de La Valentine à Marseille (Bouches-du-Rhône). Pointant également « les conséquences catastrophiques de la démobilisation et de l’absence du personnel », Dominique Simonnot demande sa fermeture immédiate, afin de permettre « une refondation intégrale de son fonctionnement ».

L’ancienne journaliste, qui occupe le poste de CGLPL depuis bientôt cinq ans, a visité cet établissement durant cinq jours, début juillet. À ce moment-là, 53 mineurs y étaient incarcérés pour 59 places. L’an passé, 255 garçons de 13 à 18 ans y ont séjourné, pour une durée moyenne d’un peu plus de deux mois. Enfermés dans ces conditions, ils ne seraient en plus pas assez nourris. « Nombre des jeunes entendus ont indiqué avoir constamment faim », écrit Dominique Simonnot.

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« Oui, nous pouvons avoir honte de notre système carcéral »

Dans sa réponse à la contrôleuse des prisons, le ministre de la Justice concède que l’architecture de l’EPM de Marseille, pensée pour « adoucir la détention » avant sa mise en service en 2007, « n’est plus adaptée aux profils des mineurs aujourd’hui incarcérés ». Mais les dégradations, assure Gérald Darmanin, s’expliquent « davantage » par « la population pénale mineure que par le manque d’entretien ». Le rapport de la CGLPL l’a par ailleurs incité à ordonner une inspection de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de La Valentine. Celle-ci doit aboutir à un premier rapport, qui doit lui être remis « sous un mois » dans le but d’analyser le plan d’action mis en place pour améliorer la situation. « Si les choses sont confirmées, je fermerai la prison pour mineurs de Marseille », a par ailleurs promis Gérald Darmanin dans un entretien à La Voix du Nord le week-end dernier.

« Oui, nous pouvons avoir honte de notre système carcéral, estime même le garde des Sceaux, d’abord pour les agents pénitentiaires qui travaillent dans des conditions très difficiles, et puis, bien sûr, pour les détenus à qui on aura du mal à demander une réinsertion si jamais le minimum de la dignité humaine n’est pas respecté. » À la date du 1er août, les prisons françaises recensaient 84 177 détenus – un chiffre en très légère baisse par rapport à juillet comme c’est souvent le cas en été, avec une densité globale de 135 %, qui monte à 165 % dans les maisons d’arrêt où les détenus attendent d’être jugés. À Toulouse-Seysses (Haute-Garonne), un établissement régulièrement pointé du doigt où la justice a ordonné à l’État il y a près d’un an de prendre des mesures d’urgence, le taux d’occupation en maison d’arrêt atteint 215 % chez les hommes et 184 % chez les femmes.

Pour répondre à cette surpopulation carcérale chronique, qui touche tout le territoire, Dominique Simonnot plaide pour une limite fixe au nombre de détenus. Gérald Darmanin a choisi une autre voie, celle de la création de prisons modulaires. La première verra le jour à Troyes-Lavau (Aube), à l’automne 2026.