Un heureux hasard homophonique de la langue française fait résonner les mots « voix » et « voie ». Voilà qui donne à réfléchir l’écrivain Nicolas Fargues, auteur d’une quinzaine de livres dont Tu verras, Prix Télérama et France Culture en 2011. « La vie m’a permis de beaucoup voyager mais je crois que je me serais mis à l’écriture même si j’avais toujours vécu dans le même quartier » déclare-t-il. Des études de lettres à la Sorbonne, un poste à l’Alliance française de Madagascar mais aussi une carrière de modèle pour Chanel, voilà qui aura irrigué l’univers de l’écrivain qui ne demande pas davantage que « se confronter à l’autre, à la diversité humaine et sociale ».

Résidence d’écriture à la Prison de la Santé

Plus récemment, une résidence d’écriture à la Prison de la Santé, sept mois durant et six heures par semaine ajoute à son expérience et nourrit son dernier ouvrage : On est le mauvais garçon qu’on peut. Mais ce qui fait vivre et passionne l’auteur, actuellement, sans le détourner de sa tâche, ce sont des ateliers d’écriture qu’il anime et qui lui font « penser plus en profondeur » le travail d’écrivain. « Les gens lisent de moins en moins mais écrivent de plus en plus, constate-t-il. Je les accompagne dans ce désir, leur rappelant le plus possible que c’est une discipline qui demande de l’assiduité. Je les mets aussi en garde contre la sacro-sainte musicalité de la langue, qui ne vaut, comme celle de Proust, que si elle est solidement étayée par une clarté et une singularité de la pensée. Un bon livre, c’est avant tout une voix. »

Sensible aux moralistes français du 17e siècle, Nicolas Fargues insiste : « Il s’agit évidemment d’apprendre à dire les choses, mais surtout d’avoir quelque chose à dire. » Rappelant au passage que des auteurs tel Albert Camus, nous ont ouvert la voie d’une prose qui sait traduire simplement des pensées complexes et profondes…

Yvan Bernaer

Envolée des livres de Châteauroux, samedi 26 et dimanche 27 avril, au Couvent des Cordeliers. Entrée gratuite.