Dans les affaires de violences sexuelles, qu’elles impliquent ou non la soumission chimique, le corps représente une preuve. C’est le travail des unités médico-judiciaires (UMJ), partout en France, que de relever dans le cadre d’une plainte les traces, les blessures, les traumatismes qui témoignent de ce que les victimes ont subi. Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, le service du Dr Raphaël Cornez, médecin légiste, traite annuellement entre 600 et 700 dossiers d’agressions sexuelles ou de viols, qui concernent dans leur immense majorité des femmes. Entre 200 à 250 sont liés à la prise d’une substance, drogue ou alcool. «Deux ou trois fois par mois, nous avons des cas de personnes qui se réveillent dans un lit à côté de quelqu’un qu’elles ne connaissent pas, sans savoir du tout ce qui s’est passé», témoigne Raphaël Cornez.
De plus, depuis un an et demi, l’unité médico-judiciaire du CHU de Lille ouvre aussi, comme 60 autres lieux en France, la possibilité d’un recueil de preuves sans plainte, dans le cadre d’un protocole signé avec l’Etat. Elle effectue les prélèvements nécessaires, et les conserve jusqu’à trois ans. «Je trouve cela intéressant pour les victimes, elles ne sont pas toujours prêtes à déposer plainte quand c’est très précoce. Elles peuvent avoir peur de la judiciarisation : elles connaissent l’auteur présumé, ou il y a des enjeux personnels», note le médecin légiste. Les victimes potentielles peuvent être aussi dans une phase de doute