Publié le

1 septembre 2025

Cet été, la chambre de commerce et d’industrie de Paris Île-de-France a publié un rapport interrogeant le futur du commerce physique d’habillement, qui fait face à des enjeux importants et voit la concurrence se renforcer (déferlement de l’ultra fast-fashion, multiplication des promos et perte de vitesse des soldes, vacance commerciale en hausse, tarifs douaniers américains…). L’une des préconisations de l’entité est la nécessité de casser sa dépendance aux réductions pour assurer la pérennité du magasin. 

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Elle suggère plusieurs mesures à prendre, d’abord du côté des pouvoirs publics: tout d’abord, « contrôler davantage la réalité des pratiques promotionnelles qui précèdent les soldes et qui enfreignent la législation sur le prix de référence », ensuite, mener une réflexion globale « sur le décalage de la date des soldes au regard du changement climatique » et enfin interdire « la gratuité des frais de livraison sur les sites de vente en ligne afin de ne pas pénaliser le commerce physique ».

Présenté par Véronique Gou, membre élue de la CCI Paris Île-de-France, le document formule aussi des conseils au sujet des relations entre les marques de mode et les commerçants indépendants. Il évoque ainsi l’importance de « trouver le bon équilibre dans les contrats de distribution entre la marque et les détaillants. Une piste pourrait consister à fournir des collections exclusives aux commerçants multimarques pour éviter les pratiques promotionnelles qui risquent de se télescoper, par exemple en ouvrant la négociation sur des gammes de produits non commercialisées sur l’e-shop du fournisseur ou même en points de vente, comme c’est déjà pratiqué par certaines marques ».

Financer la formation des employés

Pour assurer l’avenir des points de vente de proximité, le rapport propose en outre de miser sur la professionnalisation des équipes de vente par l’incitation des employeurs « à financer une formation diplômante à leurs salariés dans les métiers de la vente et des nouvelles technologies », et évoque le besoin de revaloriser les salaires « pour créer de la motivation et redonner de l’appétence pour les métiers du retail ».

Au sujet des aides à apporter, l’étude demande un doublement des investissements dans le commerce de détail, « en intensifiant les aides dans l’omnicanalité ou vers les actions en faveur de la transition énergétique. Actuellement, cet investissement est de 2,3% du chiffre d’affaires dans le commerce contre 5,8% pour la moyenne des autres secteurs d’activité ».

Des crédits d’impôt pourraient aussi être accordés aux marques qui optent pour une production mode plus responsable, afin de soutenir « une politique de prix plus réaliste ». La création de « financements verts » spécifiques et à taux préférentiels pour les entreprises textiles qui s’engagent dans des projets de relocalisation et de durabilité environnementale est suggérée.

Sur le plan des réglementations et taxes, la CCI Paris Île-de-France appelle à plus d’équité entre les acteurs « via une fiscalité adaptée », le commerce physique « ayant de lourdes charges à supporter pour favoriser l’animation des centres-villes ». « La fiscalité du commerce et les obligations réglementaires aboutissent à un certain appauvrissement de l’offre commerciale ». Elle souhaite, de plus, que les 90 taxes de nature diverse pesant sur ces acteurs puissent être clarifiées et allégées, et espère enfin l’assouplissement du contrat de bail.

Le rapport publié rappelle que, depuis 2023, au moins 4.000 emplois ont été perdus dans le secteur du commerce de l’habillement en France. Si l’on élargit le spectre aux dix dernières années, ce chiffre culminerait à 37.000 suppressions de postes.

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