Dans le service de chirurgie digestive du centre hospitalier William-Morey à Chalon-sur-Saône, c’est toute une équipe qui est dédiée à la prise en charge des patients souffrant d’obésité. Comme le précise Nicolas Lagoutte, chirurgien, chef du service, « on ne guérit pas de l’obésité. L’obésité est une maladie chronique, multifactorielle. La chirurgie est un coup de pouce qui s’inscrit dans un projet de vie mais ce n’est pas un coup de baguette magique. » « On n’opère pas pour opérer », ajoute sa consœur Claire Chalumeau.
Préparation physique et psychologique
Avant que l’intervention chirurgicale n’ait lieu, si elle doit avoir lieu, un check-up complet est réalisé, impliquant les chirurgiens. Ils sont quatre dans l’équipe, formés à la chirurgie bariatrique ou chirurgie métabolique. Mais aussi des endocrinologues, des éducateurs en activité physique adaptée, et un psychologue. Les patients peuvent également faire appel à des pairs aidants, via l’association Pèse plume 71. Pour être « efficace et durable », l’opération doit être réalisée quand le patient est prêt psychologiquement et physiquement. « Sinon, on va dans le mur », assure Claire Chalumeau.
Pas de régime “yo-yo”
Pendant tout ce parcours préopératoire, pour les médecins, « le temps n’est pas un ennemi, mais un atout ». Comme le souligne Marine Bert, chirurgienne, « il arrive que certains patients perdent du poids pendant ce laps de temps ». On parle bien de poids et non de muscle. D’où l’importance de ne pas soumettre son organisme à des régimes “yo-yo”. « Quand on fait un régime, explique Claire Chalumeau, on perd du muscle, pas du gras. Le cerveau se dit en danger. Et programme la reprise de poids ultérieure. »
Ne pas culpabiliser les malades
Deux techniques chirurgicales sont privilégiées : la gastrectomie longitudinale ou sleeve, qui diminue la poche de l’estomac, et le by-pass, technique restrictive et malabsorptive, qui implique une diminution de la poche et une dérivation de l’intestin. Celle de l’anneau gastrique, longtemps pratiquée, est loin de susciter l’adhésion. Sur cette technique, pouvant provoquer des vomissements, sans effet de satiété, Claire Chalumeau est directe : « Il faut arrêter de punir les gens parce qu’ils sont obèses. » Et arrêter de les culpabiliser. « Un malade obèse ne mange pas trop, mais mal. » Un mode d’alimentation avec la consommation de produits transformés, contenant des quantités de sucres cachés, ajouté à une sédentarité accrue, augmente les risques. Avec un constat, les patients sont de plus en plus jeunes.
Espérance de vie accrue
Une fois l’opération effectuée, le suivi ne s’arrête pas là. Dans l’année postopératoire, quatre consultations sont préconisées. Puis un suivi annuel. « On ne guérit pas, il faut toujours être vigilant mais grâce à la chirurgie métabolique, et à la prise en charge des comorbidités comme le diabète, on gagne une espérance de vie entre sept et dix ans », précise Nicolas Lagoutte. Tout ce parcours de soins, validé en réunion de concertation pluridisciplinaire, est pris en charge par la sécurité sociale.