Les usagers des transports français font face à une journée noire programmée pour le jeudi 18 septembre 2025. Une mobilisation d’ampleur nationale se dessine contre le projet de budget du gouvernement Bayrou, avec des perturbations majeures attendues dans l’aérien, le ferroviaire et les transports urbains.

L’ensemble des huit confédérations syndicales – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires – ont lancé un appel unitaire à la mobilisation. Une démonstration de force qui n’avait pas été observée depuis les manifestations contre la réforme des retraites. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, n’a pas mâché ses mots en qualifiant les mesures gouvernementales de « musée des horreurs » lors de l’annonce du mouvement le 29 août.

Les contrôleurs aériens ouvrent le bal des perturbations

Le secteur aérien sera particulièrement touché. Le SNCTA, syndicat majoritaire représentant 60% des contrôleurs aériens, a déposé un préavis national du 18 septembre au matin jusqu’à la fin du service de nuit du 19. Les revendications portent sur un rattrapage salarial face à l’inflation 2024 et une refonte de la gouvernance professionnelle. Les aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly devraient subir des annulations massives, comme lors du précédent mouvement de juillet où près de 1000 vols avaient été supprimés, affectant 125 000 passagers.

Le ministre des Transports Philippe Tabarot a adopté une position ferme face à ces revendications, affirmant qu’il ne céderait pas aux demandes du syndicat. Du côté d’Air France, la CGT prévoit de participer au mouvement, tandis que la CFDT envisage « probablement » de déposer un préavis. Les compagnies aériennes devront adapter leurs programmes de vol, et les voyageurs sont invités à vérifier l’état de leur vol directement auprès de leur transporteur.

Métro parisien et trains nationaux : une paralysie annoncée

À Paris, la mobilisation s’annonce « massive » selon les termes employés par les quatre syndicats majoritaires de la RATP – CGT, FO, Unsa Mobilité et CFE-CGC – qui ont publié un communiqué commun. Cette unité syndicale exceptionnelle, représentant environ 90% des agents selon leurs déclarations, laisse présager des perturbations importantes sur l’ensemble du réseau métro, RER et bus francilien.

La situation à la SNCF reste plus contrastée. La CFDT Cheminots s’est positionnée pour participer à la mobilisation du 18 septembre, sans toutefois préciser les modalités exactes. Sud-Rail, qui avait été précurseur en appelant d’abord au mouvement du 10 septembre, décidera dans les prochaines semaines de sa participation. La CGT-Cheminots, premier syndicat de l’entreprise ferroviaire, n’a pas encore communiqué sa position officielle pour cette date, préférant concentrer ses efforts sur l’appel du 10 septembre.

Cette mobilisation intervient dans un contexte social particulièrement tendu. Le projet de budget 2026 présenté par François Bayrou prévoit environ 43,8 milliards d’euros d’économies et de recettes supplémentaires. Les syndicats dénoncent notamment la suppression envisagée de deux jours fériés, mesure rejetée par 84% des Français selon un sondage Odoxa, ainsi que les coupes budgétaires dans les services publics et le gel de certaines prestations sociales.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a souligné l’avantage stratégique du choix du jeudi pour maximiser la participation. Cette date, positionnée huit jours après le mouvement citoyen « Bloquons tout » du 10 septembre et dix jours après le vote de confiance du gouvernement, permet aux syndicats de canaliser la colère sociale dans un cadre structuré, avec préavis déposés et cortèges déclarés.

Les usagers des transports devront donc s’organiser en conséquence pour cette journée du 18 septembre. Les prévisions de trafic seront communiquées la veille à 17h sur les sites de la SNCF et de la RATP. En cas d’annulation de vol, les passagers peuvent prétendre à un remboursement ou un réacheminement, mais pas à une indemnisation financière, la grève étant considérée comme une « circonstance extraordinaire ».