Nombreuses sont les personnes âgées accueillies dans des établissements spécialisés à éprouver les bienfaits des relations intergénérationnelles : un repas du mercredi partagé avec les enfants du centre de loisirs, un potager cultivé par des jardiniers en herbe et seniors. Mais pour Marie (1), les « bruits des enfants dans la cour, jusque tard dans la nuit », sont devenus une source d’agacement, elle qui occupe depuis des années un des 54 logements de la résidence autonomie (RA), Échoppe senior Alsace-Lorraine, à Bordeaux.

Sur le cours éponyme, l’immeuble de quatre étages, érigé il y a une quarantaine d’années, est ce que l’on appelait autrefois un foyer logement. Une résidence sécurisée et adaptée dédiée aux personnes âgées qui y disposent d’un appartement indépendant, garantissant leur autonomie, comme d’espaces partagés proposant services et activités communs.

Harmonie Lecerf-Meunier assure que les résidents ont été préparés à l’accueil de ces familles, par ailleurs validé par les services du Département et de l’État.

Harmonie Lecerf-Meunier assure que les résidents ont été préparés à l’accueil de ces familles, par ailleurs validé par les services du Département et de l’État.

Archives Guillaume Bonnaud/SO

C’est dans cet environnement spécifique qu’entre avril et juin dernier, trois familles avec enfants (cinq adultes et dix enfants) sont venues s’installer. Une volonté pleinement assumée par la mairie de Bordeaux, dont le Centre communal d’action sociale gère une quinzaine de résidences de ce type. « Il s’agit de familles que l’on suit et qui bénéficient d’une orientation sociale de la part de nos services », explique Harmonie Lecerf-Meunier. « Des familles sans solution d’hébergement et dont les enfants sont scolarisés dans nos écoles à qui nous avons proposé une mise à l’abri », poursuit l’adjointe au maire chargée de l’accès aux droits, des solidarités et des seniors. On se souvient qu’après la précédente rentrée scolaire, leur situation avait suscité une mobilisation des parents d’élèves.

Accueil préparé en amont

L’élue s’étonne toutefois que cet accueil, « validé par les services du Département et l’État », suscite des réactions. « Les services ne m’ont transmis aucune remontée. Avant leur arrivée, nous avons informé les résidents et même organisé un goûter d’accueil pour faire connaissance. » Ce que confirme Marie. Mais depuis la mi-août, la dame âgée déplore « des regroupements dans la cour, avec des gens qui parlent fort jusqu’à 2 heures du matin ».

Construite il y a une quarantaine d’années, la résidence du cours Alsace-Lorraine va prochainement faire l’objet d’une importante réhabilitation.

Construite il y a une quarantaine d’années, la résidence du cours Alsace-Lorraine va prochainement faire l’objet d’une importante réhabilitation.

A. M.-R.

Cette situation, Harmonie Lecerf-Meunier précise qu’elle est temporaire, pour une durée de six mois, et vient en réponse à « un manque d’hébergement d’urgence ». Alors même que dans la résidence autonomie Alsace-Lorraine, des logements sont vacants à la suite de résiliation de baux qui ne seront pas renouvelés.

Car, vieillissant, « le bâtiment va faire l’objet d’une réhabilitation d’ampleur », annonce l’adjointe au maire. Un chantier sur dix-huit mois qui ne pourra pas s’effectuer en site occupé. Pour la soixantaine de résidents, « qui ont besoin de stabilité », la mairie se donne donc jusqu’au premier semestre 2026 pour trouver des opportunités de relogement pérennes ou le temps du chantier dans ses autres établissements. Et d’ici là, veut mettre à profit ces quelques mètres carrés vides pour répondre à l’importante tension immobilière pesant sur la ville.

(1) Il s’agit d’un prénom d’emprunt pour préserver son anonymat.