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« Paul Seixas et Maxime Decomble incarnent vraiment le futur du cyclisme français… »

On peut déjà dire que cette Vuelta est réussie : vous avez gagné une étape, porté le maillot rouge à la pédale sans passer par une échappée. Quelle est ta vision de ce premier bilan ?

Oui, je pense qu’on peut déjà dire que notre Vuelta est réussie. On a gagné une étape, on a porté le maillot rouge à la pédale, sans échappée. Même si c’est arrivé très tôt et que souvent les victoires de première semaine peuvent être un peu oubliées à la fin d’un grand tour, mine de rien, cette victoire compte : dans ma tête, dans celle de l’équipe, et des équipiers. On n’a pas envie d’en rester là. Une deuxième partie de Vuelta réussie, pour moi, ce serait retrouver des sensations, prendre du plaisir, accrocher des résultats, pourquoi pas une autre victoire d’étape. Si je retrouve les jambes du début de Vuelta, c’est tout à fait possible. On a vu que nos jeunes ont montré de belles choses. Brieuc (Rolland, ndlr) a pris une échappée qui est allée au bout, il fait 8e sur une étape de montagne. Thibaut (Gruel) s’est très bien débrouillé au sprint, il termine 6e d’un sprint massif alors que ce n’est pas son terrain. On a aussi un chrono individuel où nos deux gros rouleurs peuvent viser un résultat. Rudy (Molard) et Clément (Braz Alfonso) ont envie d’aller dans les échappées, ils peuvent tirer leur épingle du jeu. Je pense qu’on va courir libérés, et parfois même sans calcul, ça peut permettre d’aller chercher le meilleur résultat.

 

Rien à voir avec la Vuelta : on a trouvé ton successeur au Tour de l’Avenir, un certain Paul Seixas, qui a reconnu que “succéder à David Gaudu, c’était quelque chose”. C’était en 2016. Tu le connais ? Que penses-tu de cette nouvelle génération et de ton successeur sur le Tour de l’Avenir ?

Je suis content d’avoir un successeur, et qu’une équipe de France nous ait succédé au Tour de l’Avenir. J’en parlais avec Nans Peters, qui était avec moi en 2016. Paul, je ne l’ai pas encore côtoyé chez les pros, mais il semble avoir la tête sur les épaules et beaucoup d’envie. Il a déjà montré sur le Dauphiné qu’il avait le talent. On a une belle génération : il ne faut pas oublier non plus Maxime Decomble, qui marche très fort et qui sera sûrement un très bon coureur d’avenir. Paul et Maxime incarnent vraiment le futur du cyclisme français pour les courses par étapes en montagne.

 

À t’entendre, la Vuelta n’est pas encore finie pour toi ?

Oui, bien sûr. On n’a fait que neuf jours de course, si on l’on enlève Madrid et les chronos, il reste encore plusieurs étapes où on peut jouer. Demain je serai encore dans une phase de récupération progressive, car il n’y a pas vraiment de vraies journées de repos sur un grand tour, encore moins sur cette Vuelta. Mais il reste de belles étapes : Bilbao, l’Angliru qui est mythique, la Farapona où j’ai déjà gagné en 2020. Tout autant d’arrivées qui peuvent me convenir. On a déjà gagné une étape, donc la pression est en partie retombée. Maintenant, on se met une autre pression : aller chercher une deuxième victoire.

 

Au dernier point presse, tu disais que tu aurais besoin de temps pour espérer être performant. Avec le recul, y avait-il un peu de bluff ?

Pas du tout. Dix jours avant, j’étais dans le gruppetto au Tour de l’Ain, certains ont dû se demander comment je pouvais passer de là à gagner sur la Vuelta. J’avais eu de bons signaux à l’entraînement avant le départ, mais je ne pensais pas être aussi fort dès la première arrivée au sommet, Je ne pensais vraiment pas être à ce niveau-là. C’est peut-être ce contre-coup-là que j’ai payé dans les jours suivants.

 


« Jonas Vingegaard est favori, mais… »

On te sent plus serein, plus apaisé, contrairement à ce que tu disais en début de Vuelta ?

Oui, je pense que ma première semaine, même si elle n’a duré que deux jours et demi, on ne pouvait pas espérer mieux vu les galères que j’ai eues avant. Ça rassure, ça montre que quand je suis à 100 % je peux rivaliser avec les meilleurs. Ma Vuelta est déjà réussie, mais j’ai encore envie de plus, d’être acteur sur cette Vuelta en 2e et 3e semaine, et surtout sur des routes qui me conviennent et où j’ai déjà brillé. On a moins cette pression de devoir absolument gagner une étape, mais on veut continuer à performer.

 

Ton association avec Guillaume Martin n’a pas pu se concrétiser cette année, elle est presque maudite. Qu’est-ce que ça change ?

C’est triste, on devait débuter ensemble la saison à la classique de Var, puis sur le Tour… Finalement, on n’a presque pas couru ensemble, À part aux Championnats de France, où on était quasiment au même niveau sur ce type de parcours. J’ai de bons souvenirs de la Vuelta 2020 où l’on partait souvent en échappée. C’était une Vuelta qui nous avait souri à tous les deux.. Guillaume, c’est quelqu’un qui sait toujours prendre la bonne échappée, qui apporte énormément à une équipe même s’il ne gagne pas beaucoup. Je suis forcément triste qu’il se soit blessé. C’est dommage, mais je pense que l’année prochaine on pourra repartir sur de bonnes bases.

 

Mentalement, comment gères-tu le fait d’avoir commencé très fort puis de subir davantage sur la deuxième partie de la semaine ?

C’est sûr que j’ai plus subi ensuite. Mais il y avait eu une telle décharge émotionnelle que le corps devait encaisser. Quand on a déjà gagné une étape, on accepte plus facilement de passer un peu à côté que si on n’avait rien fait.

 

Tu as évoqué l’Angliru. Est-ce aussi une occasion de te rassurer sur les longues ascensions, car tes meilleures perfs cette année ont surtout été sur des arrivées plus courtes et explosives ?

C’est vrai que je n’ai pas encore fait de vraies étapes de montagne à 100 % cette année. J’ai surtout performé sur des étapes plus punchy. Mais à l’entraînement, j’ai beaucoup travaillé sur la durée, en stage notamment avec les vélos de chrono dans les cols et les vélos de route dans les cols. Personnellement, j’ai besoin du rythme de course pour retrouver mes repères en haute montagne, et ça viendra naturellement.

 

D’après toi, la Vuelta est-elle déjà promise à Jonas Vingegaard ?

Il a montré hier (étape 9, ndlr) qu’il était le plus fort. C’était le grand favori au départ. Mais un grand tour dure trois semaines : il reste beaucoup d’étapes piégeuses, la météo n’est pas forcément de la partie et on n’est jamais à l’abri d’un coup de moins bien. Almeida peut aussi être un sérieux adversaire. Vingegaard est bien parti, il est favori pour la victoire finale à Madrid, mais la Vuelta est encore longue. Il reste encore énormément d’étapes de montagne, et on n’en a pas réellement disputé une pour l’instant.

Tour d’Espagne – Classement général provisoire après la 9è étape