Lors de son allocution prononcée à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet, le président Macron fit connaître son intention d’accélérer le « rythme de progression » du budget du ministère des Armées, le montant de celui-ci devant être porté à 64 milliards d’euros en 2027, soit deux ans avant l’échéance prévue par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. D’où la hausse prévue de 6,7 milliards d’euros dans le cadre du projet de loi de finances [PLF] 2026.
Cette accélération suppose également d’actualiser la LPM 2024-30, promulguée le 1er août 2023, en lien avec les conclusions de la Revue nationale stratégique [RNS] publiée le 14 juillet.
Via un communiqué diffusé ce 1er septembre, le ministère des Armées a précisé les quatre grandes priorités de cette actualisation de la LPM.
Ainsi, il s’agira « d’adapter nos capacités militaires pour répondre à la réalité des menaces sans nous mentir sur nos faiblesses ». Quatre capacités seront renforcées, à savoir les drones, les munitions, la guerre électronique et la défense sol-air.
La seconde priorité vise à « rassembler la Nation autour de ses armées ». Aucune annonce particulière n’a été faite sur ce point, hormis celles déjà connues, comme la montée en puissance des réserves et la « remilitarisation » de la Journée de la défense et de la citoyenneté. En juillet, le président Macron avait précisé qu’il aborderait ce sujet à l’automne, en dévoilant de « nouvelles formes d’engagement pour la jeunesse ». Une nécessité pour « durcir le modèle et gagner de la masse », avait-il dit.
Ensuite, cette actualisation de la LPM devra permettre de « renforcer notre industrie de défense, avec un soutien très net aux PME et ETI », de « sécuriser les chaînes d’approvisionnement » et de soutenir l’emploi dans les territoires, a précisé le ministère des Armées.
Enfin, la dernière priorité met l’accent sur les « ruptures technologiques », en matière d’intelligence artificielle, d’espace, de quantique et de cyberdéfense.
Cela étant, le contenu exact de ces quatre priorités reste à préciser. Par exemple, au niveau capacitaire, le ministère n’a rien dit au sujet des feux dans la profondeur, pourtant largement évoqués dans la RNS 2025.
On devrait cependant en savoir davantage à l’issue des déplacements que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, va effectuer durant cette semaine. Ainsi, ce 1er septembre, il se rendra au siège d’Airbus Helicopters à Marignane, puis à Valence, pour visiter le 1er Régiment de Spahis, qui « incarne la modernisation et la transformation à l’œuvre dans nos armées ».
Le ministre se rendra ensuite à Crucey [Eure-et-Loir], où est installé le radar « Nostradamus », qui est l’un des piliers capacitaires définis par la stratégie relative à la Très Haute Altitude [THA]. Enfin, il inaugurera le supercalculateur qui, dédié à l’intelligence artificielle, sera installé au Mont-Valérien [Suresnes] par le groupement formé par Hewlett Packard Enterprise et Orange.
« Par cette tournée, [M. Lecornu] veut réaffirmer que l’effort de défense n’est pas seulement un impératif militaire : c’est une garantie de souveraineté nationale, un levier pour l’emploi et un levier pour l’innovation », a fait valoir le ministère des Armées.
Seulement, les travaux portant sur cette actualisation de la LPM 2024-30 risquent fort de faire les frais de la situation politique actuelle, le Premier ministre, François Bayrou, ayant sollicité la confiance du Parlement avant d’engager les débats sur le PLF 2026.
Photo : DGA