Carine Papy change de crémerie.

Terminé Christian Estrosi: la conseillère municipale cagnoise, élue depuis 2020 sur la liste de Louis Nègre, annonce « officiellement » que son cœur penche vers… Éric Ciotti. Et par la même occasion, celle qui est également vice-présidente du conseil départemental des Alpes-Maritimes révèle qu’elle a pris sa carte à l’UDR, l’Union des droites pour la République, le parti créé fin août 2024 par le député azuréen désormais allié au Rassemblement national (RN). Et ça ne date pas d’hier, dit-elle, « je l’ai prise dès le premier jour ».

La métropole d’Estrosi visée

« Ces dernières années, les choix fiscaux qui ont été faits à la Métropole Nice Côte d’Azur se traduisent directement dans la vie quotidienne des habitants: hausse de la taxe foncière, de la CFE [cotisation foncière des entreprises], du prix de l’eau, alourdissement constant des charges pour nos familles et nos entreprises, argumente Carine Papy. À Cagnes-sur-Mer, nous en mesurons chaque jour les conséquences, avec des contribuables qui paient toujours plus. »

Carine Papy a donc décidé, maintenant qu’Éric Ciotti est officiellement candidat à la mairie de Nice et à la présidence de la métropole, « de prendre ses responsabilités », confie-t-elle, « et de soutenir publiquement » l’ancien patron des Républicains (LR). Qui, « incarne une voie faite de clarté, de justice fiscale et de proximité réelle avec nos communes », assure l’élue cagnoise. Mais attention, prévient Carine Papy: « Je n’attaque pas Louis Nègre, c’est un bon gestionnaire ».  » Je n’ai pas démissionné, je reste dans la majorité », appuie la conseillère municipale en charge du commerce de proximité, de l’artisanat et de l’emploi.

Quatre colistiers de la majorité à l’UDR?

Le sera-t-elle encore en 2026? « Je ne gère pas la liste de Louis Nègre », balaie-t-elle d’un revers de la main, un tantinet gênée. « Mon sujet n’est pas les municipales », ajoute Carine Papy. Peu de chance cependant que le sortant, en poste depuis 1995, reconduise dans son équipe des élus encartés UDR, proches du RN et en guerre contre… Estrosi.

Selon nos informations, Carine Papy ne serait d’ailleurs pas la seule à avoir endossé la casaque UDR. Pierrette Alberici, l’élue du quartier du Cros ne cache pas sa proximité avec Éric Ciotti. Mystère et boule de gomme, en revanche, pour les deux autres. Mais « aux vœux d’Éric Ciotti, en janvier, deux élus de Cagnes, Paul Bensadoun et Marie Rofidal, étaient au premier rang », glisse une source.

Si Louis Nègre boude ces quatre conseillers municipaux pour son futur « 45 gagnant », ils pourront toujours trouver refuge sur la liste UDR-RN qui ne manquera pas de se déclarer prochainement. « Si je devais être candidat, bien sûr que je leur tendrais la main », sourit Bryan Masson, le député RN de la 6e circonscription des Alpes-Maritimes à qui la rumeur prête l’envie d’affronter le maire LR sortant. « Il est élu depuis trente ans, je n’ai connu que lui en tant que maire. Beaucoup ont besoin et envie de changement, de sang neuf », enchaîne le député.

Louis Nègre: « Elle ne fera plus partie de ma majorité »

« En tout bien, tout honneur, je vais lui retirer ses délégations et toujours en tout bien tout honneur, je vais lui retirer son indemnité de conseillère municipale, réagit Louis Nègre, joint par Nice-Matin. On ne peut pas être dehors… et dedans à la fois. » Le maire reconnaît cependant à son ex-élue une certaine correction: « Il y a ceux qui trahissent et ceux qui viennent le dire en face. Carine Papy est venue me prévenir, par courtoisie. Elle a fait les choses correctement. »

C’est donc un divorce à l’amiable, mais un divorce quand même…  » S’attaquer à la Métropole, s’attaquer à Christian Estrosi, soutenir Éric Ciotti, et donc soutenir aussi Bryan Masson à Cagnes, donc le RN, c’est franchir la ligne rouge: elle ne fera plus partie de ma majorité, assène le premier magistrat cagnois. Pour moi, les valeurs d’humanisme sont essentielles, je n’ai pas changé en trente ans, je trace ma route, je fédère, je rassemble, dans une majorité avec beaucoup de sensibilités différentes autour de mon parti, LR ». Beaucoup de sensibilités, mais pas « l’extrême droite ».