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Déserts médicaux : volontariat, 200 euros par jour… comment les médecins généralistes vont y être envoyés
SANTE – À la rescousse des déserts médicaux. En avril, le Premier ministre François Bayrou avait souhaité un dispositif pour envoyer des médecins généralistes dans les zones qui en manquaient. Il sera finalement déployé « dès la semaine prochaine » a annoncé le ministère ce lundi 1er septembre.
Le ministre de la Santé Yannick Neuder a donné plus d’informations sur la façon dont l’envoi de ces médecins va se dérouler. Si François Bayrou avait évoqué au printemps une mesure coercitive, il avait ensuite renvoyé une telle possibilité, rejetée par nombre de médecins, à l’évolution de « dispositions législatives ».
En juin, certains députés, emmenés par le socialiste Guillaume Garot, avaient promu des mesures plus strictes, imposant des contraintes à l’installation des médecins, mais suscitant une opposition encore plus marquée de ces derniers.
Le HuffPost fait le point sur ce qu’il va finalement en être.
200 euros par jour de compensation
Le dispositif sera finalement déployé sur la base « du volontariat » et moyennant une compensation de 200 euros par jour, a déclaré ce lundi le ministre de la Santé, défavorable « à la coercition d’installation », lors d’un déplacement à Pissos, village de 1400 habitants dans la forêt des Landes.
Ils seront déployés dans 151 intercommunalités situées principalement dans le centre et le sud-ouest hors littoral du pays.
Au total, 2,5 millions de patients vivant dans ces « zones rouges » seront concernés par ces renforts de médecins généralistes, jusqu’à deux jours par mois.
Yannick Neuder n’a en revanche pas énoncé le nombre de médecins déjà volontaires sur le territoire, « puisqu’on est en train de lancer ces dispositifs ». Dans les Landes, plus d’une cinquantaine se seraient déjà signalés.
Prendre des « médecins qui disposent de temps »
Yannick Neuder veut d’abord mobiliser « les médecins qui disposent de temps », à l’instar des « remplaçants, retraités ou travaillant à temps partiel », pour ne « pas dépeupler un territoire ».
Pour « améliorer l’offre de soins », le ministre entend articuler ce dispositif, piloté par les Agences régionales de santé (ARS) et les préfectures, qui s’adresse à des médecins « à proximité raisonnable » des zones sous-dotées, avec celui « complémentaire » de l’association Médecins solidaires dans des zones plus éloignées.
Ce collectif, lancé il y a trois ans, revendique aujourd’hui 800 généralistes qui effectuent des renforts d’une semaine dans neuf centres différents.
Scepticisme
Le fondateur de Médecins solidaires, Martial Jardel, accueille néanmoins avec scepticisme le dispositif gouvernemental.
Pour assurer une réelle plus-value aux patients, « il faut garantir qu’il y a bien un médecin en permanence », « avoir des coordonnatrices et secrétaires médicales qui peuvent gérer le matériel, les problèmes informatiques, l’ouverture et la fermeture de la structure… », a-t-il déclaré à l’AFP. Or « l’État n’est pas connu pour sa capacité à transformer correctement des politiques de terrain », a-t-il ajouté.
Le ministre promet une évaluation de l’efficacité du dispositif gouvernemental « à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine ».