Le temps c’est de l’argent. Plus encore quand est annoncée l’inauguration, en 2027, de 70 000 m² de constructions ex nihilo qui feront de ce quartier « la nouvelle destination de Bordeaux », pour un coût de 420 millions d’euros. Tout juste posée la première pierre de Canopia, le 11 avril dernier, Apsys a donc lancé les travaux de construction sur les îlots Saget et Descas. Le chantier sur les Terrasses, en bord de Garonne, étant, lui, programmé en début d’année prochaine. Et force est de constater qu’ils n’ont pas connu de trêve estivale. « Tout le monde a joué le jeu pour travailler en continu en août », convient Sébastien Regereau.
Sébastien Regereau, directeur des travaux d’Apsys, annonce que le pic d’activité sera atteint au second trimestre 2026.
Laurent Theillet/SO
Sur les quatre hectares de ce quartier voué à la réhabilitation, situé entre la Garonne et la gare Saint-Jean, le planning est ajusté au cordeau. « La fin des travaux de fondations est programmée pour octobre, pour une livraison du gros œuvre à l’été 2026, le clos et couvert et les embellissements devant se terminer en fin d’année prochaine », détaille le directeur des travaux du promoteur Apsys. Échéance à laquelle les boutiquiers prendront possession des 30 000 m² de commerces pour 140 enseignes, dans un délai de six mois.
« Principe de la boîte étanche »
Pour l’heure, c’est donc dans les sous-sols de Bordeaux que l’activité se concentre. De manière plus intense au nord de la rue de Saget, où sous l’îlot Descas se déploiera un parking souterrain sur quatre niveaux, de quelque 700 places. Avec cette contrainte particulière qu’il se situe à quelques dizaines de mètres du fleuve et nécessite donc une isolation des apports d’eau. Le directeur des travaux explique que « le principe de la boîte étanche » est mis en œuvre, à l’intérieur de laquelle les structures des différents niveaux seront érigées.
Il ne faut donc pas s’attendre à découvrir sous peu un trou béant d’une profondeur de 20 mètres
Il ne faut donc pas s’attendre à découvrir sous peu un trou béant d’une profondeur de 20 mètres. Une fois le béton injecté directement dans le sol pour former les parois, les constructeurs CGC et Demathieu-Bard ont fait le choix du procédé dit « top and down », ou « terrassement en taupe », permettant la réalisation simultanée de l’infrastructure (les fondations) et de la superstructure (les bâtiments). « Techniquement plus complexe l’opération permet de gagner beaucoup de temps », explique Sébastien Regereau. Un atout pour ce chantier contraint par une forte densité urbaine.
Côté îlot Saget, si le terrain livre déjà une vaste étendue dénivelée, c’est pour répondre aux obligations légales du permis de construire d’ériger des bassins de rétention des eaux pluviales. Car pour ce qui est des fondations, « ici, on est sur un procédé classique de forage, béton et ferraille ». Qu’il faut tout de même asseoir sur la roche située, selon les endroits, entre 5 et 17 mètres de profondeur.
85000m3 de terre à évacuer
Corollaire de la réalisation de ces fondations : « 85000m3 de terre sont à évacuer des sites », annonce le directeur des travaux. Soit l’équivalent de 34 piscines olympiques à charrier par camions, sur des axes déjà bien fréquentés par les Bordelais, où il leur est interdit de stationner. « Nous avons spécialement dédié un lot à la gestion et à la coordination du chantier pour maîtriser les perturbations sur le flux de circulation », pour optimiser les rotations des engins et ne pas perdre de temps. Apsys travaille également en lien avec l’EPA Bordeaux Atlantique pour disposer de zones de stockage et de stationnement, dans les quartiers voisins.
Sur l’îlot Saget, la réalisation des fondations devrait être achevée dès octobre prochain.
Laurent Theillet/SO
Cette activité soutenue mobilise actuellement une centaine de personnes sur le chantier au cœur duquel une quatrième grue, sur les 11 attendues, s’élèvera la semaine prochaine. Un rien, en comparaison de la fourmilière qui se déploiera au second semestre 2026, « au croisement de deux mondes », annonce le directeur des travaux. Quand le gros œuvre et le clos couvert s’achèveront et que débutera le second œuvre (isolation, huisseries, cloisons, revêtement), « il y aura alors 500 à 600 compagnons sur le site ».
Un prototype de Canopia à découvrir en fin d’année
Les vues de synthèses et perspectives architecturales sont connues depuis des mois. Forcément esthétiques. Mais qu’en sera-t-il de la réalité ? Réponse dès la fin de l’année. Au milieu du ballet des camions, bennes et foreuses, un bâtiment aux formes cubiques est déjà érigé, à proximité du carrefour des rues Tauzia et Saget. « Le prototype des façades de Canopia, à l’échelle 1 », présente Sébastien Regereau. Couleur de la pierre et son traitement de surface, travaillé avec les carrières de Frontenac, type de zinc, choix des garde-corps donneront à voir aux Bordelais le rendu final de la réhabilitation du quartier en 2027. Un « crash test » pour le maître d’ouvrage autant qu’une mise à l’épreuve pour les différents corps de métiers « dans la manière de bâtir et de coordonner les lots », projette le directeur des travaux.